mardi 21 septembre 2010

Dans mon département, comme dans tous sans doute, il y a un hôpital psychiatrique dont le nom à lui seul est une menace. Il porte un nom de lieu et quand on dit "untel est à R.", c'est comme dire qu'il est à Ste Anne pour Paris ou à St Venant pour le Pas-de-Calais, ça veut tout dire.
Tous les ans, quand j'étais à l'école de musique, nous allions passer un après-midi avec les enfants de cet hôpital. Nous prenions le bus avec nos instruments puis installions nos pupitres dans une grande salle. Ensuite, nous faisions un concert de musique de chambre pour les enfants et quelques soignants qui les accompagnaient.
Puis venait le moment du goûter pris tous ensemble. Je me souviens de salade de fruits en conserve accompagnée de gâteaux en forme d'éventail. Nous faisions connaissance avec nos voisins de table et finissions l'après-midi en discutant entre jeunes.
J'imagine que les enfants qui venaient nous voir étaient sélectionnés parmi les cas les moins graves ou les plus calmes. J'étais jeune et je ne connaissais rien du monde de la psychiatrie. Peut-être y avait-il quelques anorexiques, des dépressifs, des trisomiques, des enfants un peu handicapés mais sans rien de très choquant pour des gens venant de l'extérieur.
Je me souviens d'avoir discuté avec un garçon au sujet de nos chanteurs préférés et nous avions fait le projet de nous échanger des posters de nos idoles de l'époque.
Je me souviens surtout d'une question qu'il m'a posée. "Et toi, tu retournes chez tes parents tous les combien de temps ?". Je ne me rappelle plus ma réponse, j'ai dû noyer un peu le poisson pour ne pas l'attrister, mais je n'ai jamais oublié sa question. Un peu comme celle du type qui regarde au-dessus du mur de l'asile où il est enfermé et demande "vous êtes combien là-dedans ?". Toujours la question de savoir de quel côté du mur on est, finalement.

mercredi 15 septembre 2010

Entendu deux bonnes blagues tout à l'heure à la radio. D'abord Le Pen qui disait qu'il ne voyait qu'Alain Delon pour l'incarner au cinéma, autant physiquement qu'au plan des idées. J'aime autant ne rien savoir des idées politiques de Delon, mais physiquement ??? Est-ce que la prétention peut rendre un borgne aveugle ?
Ensuite, j'ai entendu qu'une Anglaise s'était couchée avec un fort mal de tête et réveillée avec l'accent français. Ca c'est de l'info. C'est vrai qu'en même temps ça doit être contrariant, mais je m'en tamponne un peu.
Vous écoutez quoi, vous, comme radio ? RTL je ne supporte pas, Europe 1 de moins en moins, France Inter pas tout le temps, France Musique c'est parfois carrément mortel, France Culture je préfère pendant les vacances, mais sinon qu'est-ce qu'on peut écouter ? Les radios de djeunss avec plein de publicité et des jeux idiots, les radios de vieux avec les chanteurs de quand on était petits, les radios de ménagères avec des croisières à gagner ?
Certes certes j'ai une vie intérieure très riche, mais j'ai parfois besoin d'ouvrir mes oreilles à quelque chose d'autre que ma propre voix...

mercredi 8 septembre 2010



Dans le zoo où je travaille, il y a toutes sortes de spécimens. D'abord la directrice, tout un poème. Sac Vuitt*n, style BCBG prout-prout-ma chère, une petite émeraude par ci un gros rubis par là, genre Rota*y et compagnie. Charmante donc, ces gens-là sont toujours très bien élevés.
Ensuite il y a le staff du rez-de-chaussée. Dans l'ensemble, on se demande un peu comment elles arrivent à remplir une journée, mais elles n'avoueront jamais qu'elles glandent un peu. Il y a la langue de vipère qui adore vous répéter la petite phrase qu'elle a entendue sur vous et qui va vous agacer toute la journée. Il y a celle qui se croit vachement humaine, qui a besoin d'être aimée de tout le monde et vous envoie un mail inquiet genre "tu peux m'en parler si ça ne va pas, je t'ai trouvé mauvaise mine ce matin". Sauf qu'elle répète tout au moment du café, pas intérêt à lui confier quoi que ce soit. Il y a la grande bringue qui parle très fort avec une voix suraiguë juste pour couvrir ce que vous dites quand elle n'est pas d'accord, faudrait la baffer des fois. Heureusement qu'il en reste une que j'aime vraiment bien, sympa et tout.
Il y a aussi les personnels de service. Celle qui me raconte sa vie qu'apparemment elle ne confie à personne d'autre ici, j'attire la confidence. Elle a dans les 55 ans et se trimballe avec sa dernière analyse de sang dans la poche de peur que sa petite soeur (dans les 50 je dirais) ne tombe dessus. Elle a trop de tout mais ne peut pas s'empêcher de manger trop salé et de fumer. "La cigarette, j'ai que ça de bon" qu'elle m'a dit hier. Il y a celle qui est partie en retraite il y a deux mois. Il semble qu'elle soit partie avec six barils de lessive pour lave-vaisselle. Il faut dire aussi qu'elle venait laver le linge de sa famille dans l'établissement, il n'y a pas de petite économie. A mon avis, elle peut faire la vaisselle jusqu'en 2020 facile.
Il y a aussi nos amis les enseignants. Le dépressif qui a des responsabilités en plus de ses cours et a refusé hier une candidature, sauf qu'il avait étudié le même dossier la semaine dernière et qu'il l'avait accepté. Qui oublie parfois de faire son cours, qui engage des crédits qu'il n'a pas. Il y a son collègue anciennement dépressif mais qui pète le feu depuis qu'il a retrouvé l'amour. L'an dernier, il se tapait une de ses élèves, ça faisait désordre. Surtout que tout le monde le savait, il n'y a que lui qui pensait que c'était secret. Elle l'a plaqué, ouf, et il semble qu'il sorte avec une nana un peu plus dans ses âges, il frôle la quarantaine. Il y a la prof sympa et de bonne volonté qui se tape tout le boulot parce qu'il en faut au moins une qui tienne la route. Mais là je sens qu'elle sature, il n'y aura bientôt plus personne pour mener le navire. Forcément elle m'en parle, c'est mon côté écouteuse de première qui les attire.
Tout le monde pourrait faire un blog sur son boulot, il y a des cas partout. Je raconte ça à mon mari le soir, ça le fait mourir de rire ou ça le consterne selon les cas. Pour quelqu'un qui travaille dans le privé dans une boîte bien gérée, l'usine où je travaille ressemble à une usine à gaz. Ou au Titanic.