mardi 28 décembre 2010


L'esprit de Noël, c'est le partage, l'intention de faire plaisir, les kilomètres qu'on fait volontiers dans la neige pour trouver LE cadeau qui touchera. C'est une ombrelle crème ourlée de dentelle pour quelqu'un qui se rêve en Françoise Fabian dans "Les dames de la côte" et à qui le premier rayon de soleil donne des taches de rousseur. C'est une étole fuchsia pour quelqu'un qui avait envie de couleurs vives et qui aime s'enturbanner dans de la soie. C'est un châle vieux rose pour quelqu'un qui aime s'enrouler dans des étoffes douces quand tout est blanc aux alentours. C'est un pot de confiture faite maison qui sent bon tous les parfums de Noël en Alsace.
Mais ce n'est SURTOUT pas le dernier Virginie Despentes acheté juste parce qu'il a obtenu un prix littéraire pour une obscure raison. En plus chère belle-maman, vous tomberiez à la renverse si vous commenciez à le feuilleter, je crois que votre pudeur en serait offusquée ! Je vous ai offert la biographie de Madame de Gaulle pour votre anniversaire et vous l'avez adorée. C'est votre génération, ça réhabilite une femme de l'ombre dans laquelle vous vous êtes sans doute un peu reconnue. C'est ce que j'appelle un cadeau, quelque chose choisi pour une personne en particulier parce qu'on pense vraiment que ça lui correspond. 
Je crois que je vais ranger mon prix Renaudot avec mon horrible vase couleur gadoue, avec mon autre vase-bougie dans lequel une fleur en plastique flotte au milieu de la paraffine (je l'ai fait tomber un jour, c'est le piano qui a souffert mais pas le bibelot), pas très loin de mon tablier de cuisine que j'utilise, si si, et loin des autres vases que j'ai malencontreusement brisés alors qu'ils n'étaient pas si moches que ça.
Le pire est que ma belle-mère est une personne gentille qui, je crois, m'aime plutôt bien même si elle me répète souvent qu'elle reprend son fils illico si je n'en veux plus. Je l'aime bien aussi, elle est discrète et ne s'est jamais permis le moindre commentaire sur notre mariage civil ou le fait que nos filles ne soient pas baptisées, elle qui est catholique pratiquante.
C'est juste que nous n'avons pas la même vision du sens du mot cadeau. Pour moi, le plaisir de choisir est réel et anticipe le plaisir de celui qui le recevra. Pour elle, c'est une obligation à remplir. Je ne lui tiens pas du tout rigueur de cette divergence de vue, elle a bien d'autres préoccupations à 82 ans.

jeudi 23 décembre 2010


Pas de stress à Noël pour moi cette année. Tout sera réduit au minimum, d'où ma légèreté d'esprit actuelle. Les fêtes m'angoissent. Je commence seulement à respirer quand on m'a donné mon cadeau d'anniversaire et que c'est ENFIN devenu un jour normal. Je serais capable de faire parvenir un courrier de mon avocat à mon mari s'il s'avisait de me parler anniversaire de mariage. Donc évidemment, les fêtes de fin d'année me stressent avec leur caractère obligatoire et régulier comme le tic tac d'une horloge qui nous emmène inexorablement vers la fin.
Mais demain soir nous ne serons que quatre, je n'ai aucune idée du menu et personne n'aura mis de robe ridicule à froufrou ou à strass. D'ailleurs il me manque un cadeau, il va falloir que je règle ça. Le 25, j'accomplirai mon devoir dans la belle-famille. Je serai sage et souriante, je ne dirai pas de bêtise et je remercierai ma belle-maman pour le formidable tablier ou le magnifique porte-photos qu'elle m'offrira.
Rien de prévu pour le 31, j'espère que nous ne serons que tous les deux. Un bon film, une petite bouffe sympa et si j'y arrive, j'essaierai de m'endormir avant minuit. J'ai bien aimé l'an dernier. Nous avions laissé la maison à ma deuxième fille et ses amis et nous avons mangé au restaurant chinois, puis nous sommes allés dans un hôtel situé à vol d'oiseau à 500 mètres de chez nous. Nous avons regardé un DVD en v.o. puis nous nous sommes couchés.
Quand j'étais petite, il n'y avait jamais de sapin de Noël. Nous étions toujours chez mon grand-père et on faisait un repas de fête avec mon oncle et sa famille mais pas de cadeaux. Nous faisions la même chose pour le nouvel an, sauf qu'à la fin du repas tous les petits-enfants allaient l'un derrière l'autre embrasser mon grand-père en lui souhaitant une bonne année. Il nous donnait nos étrennes en fonction de notre âge. Ça allait de la pièce de cinq francs au bon du Trésor. Ça m'intimidait beaucoup ce cérémonial. Je me souviens avoir inventé des cadeaux quand les copines d'école me demandaient ce que j'avais eu pour Noël. Je crois que mes parents nous offraient une bricole pour la Saint-Nicolas, mais j'ai bizarrement tout oublié à part une caisse enregistreuse qui sonnait quand le tiroir s'ouvrait, je l'ai adorée. Mais je ne me souviens de rien d'autre.
En fait je n'ai pas du tout la culture de Noël, c'est un pays où je me sens un peu étrangère, même si je l'ai réinventé pour mes enfants.

lundi 20 décembre 2010

Hermione des Vosges (chapter 2)

En cette période de froid, de neige et de bouillasse immonde pleine de sel, permettez-moi de vous inviter à nouveau dans mon home douillet afin d'admirer la suite des oeuvres d'art qui le décorent.
Tout d'abord cette magnifique commode d'époque particulièrement remarquable par le décor qui la surplombe. Il s'agissait au départ d'une vulgaire petite ficelle à rôtir que ma fille aînée, désespérée par mon peu de souci du détail, a remplacée par un petit ruban rose. J'y accroche mes boucles d'oreilles les plus longues et ça met un peu de couleur dans ce monde de brutes. Il y a aussi deux petits badges dont un qui dit "what would Buddha do ?", ce qui est une vache de bonne question. Vous noterez aussi un authentique Monet que j'aime beaucoup, rapporté d'un voyage scolaire à Paris.
Puisque nous sommes dans ma chambre, poursuivons par le miroir dans lequel je me surprends parfois à compter le nombre de coups de brosses que je donne aux cils de chaque oeil depuis qu'une célèbre blogueuse a lancé un chiffre faramineux :)
Là aussi, vous voyez que la décoration est soignée à l'extrême. Cartes postales avec thématique vaches (j'ai un faible pour les vaches noires à taches blanches), bouddha supposé m'amener au zen, billet d'entrée à la Statue de la Liberté (ça frime et c'est un bon souvenir) ainsi que quelques oeuvres poétiques de mes enfants, allant du poème de fête des mères de maternelle au sonnet certes approximatif mais charmant. Ne tenez pas compte de la chose figurant au centre du miroir, ce n'est pas l'objet de l'article.
Pour terminer, abordons trois oeuvres picturales décrivant diverses périodes de leurs auteurs.

Ce tableau représente les quatre membres de la famille avec ce qui les symbolise. L'auteur, une blondinette à couettes, y figure avec son lapin bien-aimé, également appelé Pinpin. Lapin que j'ai sauvé in extremis de la poubelle il y a quelques années, lorsque la blondinette en question a estimé ne plus en avoir besoin. Je l'ai mis au fond de mon armoire où elle l'a récupéré depuis. Le père de famille y figure avec une cravate (ses enfants l'ayant baptisé "papa pas rigolo" quand il est en tenue de travail) mais au-dessus de sa tête figurent les emblèmes de son caractère rebelle et anti-capitaliste, les chaussettes un peu rigolotes qu'il aime cacher sous son pantalon de costume. Vous me reconnaîtrez à mon gabarit de Castafiore, je me demande parfois comment les enfants nous voient... Les inévitables vaches flottent au-dessus de ma tête. Quant à la grande soeur, les rideaux rouges d'un théâtre symbolisent son amour pour cet art.
Celui-là, je l'aime vraiment beaucoup. C'est ma fille aînée qui l'a fait quand elle était en primaire, je le trouve très réussi. Et les trois couleurs ainsi que la queue à rayures de notre fidèle bestiole sont parfaitement rendues.

Je terminerai par une note d'espoir pour les pauvres parents affublés d'adolescents vêtus de noir, jamais coiffés, pourvus d'un appareil dentaire, passant leur vie sur msn et ne communiquant guère, sauf pour être désagréables. Un jour, ça s'arrête ! Le jour où à 16 ans, ma fille m'a fait ce dessin humoristique, je lui ai donné sa vraie valeur : le symbole du retour parmi les humains d'une petite chenille qui était devenue un beau papillon plein de couleurs, d'espoir et surtout d'humour ! Voilà pourquoi ce dessin figure lui aussi dans ma chambre, et je souris chaque fois que je prends le temps de m'arrêter devant lui.

mercredi 8 décembre 2010


J'ai vu sur certains blogs le jeu du moment qui consiste à lister rapidement quinze livres qui ont marqué la mémoire de la blogueuse pour des raisons variées. Alors à moi de jouer, même si c'est finalement un peu frustrant et réducteur. Dès que la liste est finie, on pense à un incontournable qu'on a oublié. Tant pis, je joue le jeu.

  1. Tout d'abord Les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur dans la chère bibliothèque rose de notre enfance. Livre lu et relu, transmis aux enfants, plein d'une poésie surannée et de bons sentiments. A lire avant d'avoir pris conscience de la lutte des classes, mais tellement charmant !
  2. Le cousin de Gondolin d'Hélène Ray. Je dois être la seule au monde à me souvenir de ce bouquin qui a enchanté mon enfance. Un peu comme les Club des Cinq, à mettre dans la collection de ceux que je relisais chaque été à la campagne dans la grande maison pleine de livres.
  3. La mousson de Louis Bromfield. Relu également chaque été mais plus vers la pré-adolescence. Ce livre me laissait perplexe parce qu'une femme s'appelait Phoebe et je me demandais bien comment prononcer ce prénom... Livre que j'adorais, traitant entre autres de la rédemption d'une lady anglaise cynique et débauchée à travers son amour pour un médecin Indien qu'elle aide à soigner les malades de la peste, qu'elle finit bien sûr par attraper. Très romanesque quand j'y pense, mais j'étais ado, ça m'a fait rêver...
  4. Claudine de Colette. J'ai adoré l'écriture si précise et imagée de Colette, et puis ça m'a ouvert des tas de perspectives par exemple quand elle évoque sa nuit de noces par cette phrase : "Ce puissant Renaud me fait songer, par similitude, aux mains de la grande Anaïs qui voulait toujours gainer ses mains importantes de gants trop étroits"...
  5. L'herbe bleue. Qui n'a pas adoré ce livre à quinze ans ?
  6. Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. J'aime les pavés romanesques, j'ai adoré celui-là. Et bien sûr détesté l'espèce de plagiat sans talent publié bien des années plus tard en France par une personne qui se pense écrivain.
  7. Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. Ah Simone ! Je n'aime pas tout chez elle, mais quand même, quel auteur, quelle vie, quel talent !
  8. Journal à quatre mains de Benoîte et Flora Groult. Ce livre est dans un état lamentable tellement je l'ai lu, trimballé, rangé et repris. Toute une époque, et puis un style parfait.
  9. Maria Tiefenthaler de Muriel Cerf. En fait je ne me rappelle pas vraiment ce bouquin, mais j'adorais Muriel Cerf et toute cette culture ashkénaze qu'elle véhiculait. Mais qu'est-elle devenue d'ailleurs ?
  10. La promesse de l'aube de Romain Gary. Une merveille.
  11. Les Buddenbrook de Thomas Mann. Grandeur et décadence d'une famille de négociants du nord de l'Allemagne au 19ème siècle, une saga pleine de charme avec des descriptions fascinantes.
  12. Les fleurs du mal de Charles Beaudelaire. Sûrement parce que c'est l'auteur favori de ma mère. Et puis je me rappelle avoir copié quelques lignes dans le livre de condoléances d'un collègue suicidé, "sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille, tu réclamais le soir, il descend, le voici"...
  13. Pars vite et reviens tard de Fred Vargas. Son meilleur d'après moi, mais je les ai tous et attends toujours avec impatience le prochain.
  14. Au bonheur des dames d'Emile Zola. Mais j'aurais pu mettre Le ventre de Paris ou un autre. J'adore. Sauf peut-être Germinal dont l'Education Nationale a fini par me lasser à force de nous en faire bouffer par des profs sans imagination.
  15. François Truffaut de Serge Toubiana et Antoine de Baecque. J'aime Truffait d'un amour irrationnel, et j'aime les biographies. J'ai emmené ce livre à l'hôpital quand on m'a opérée en neuro, j'aimais l'idée qu'il m'accompagne.

Voilà ! Je lis en ce moment La ronde de nuit de Modiano. Et j'ai pris la résolution d'acheter moins de livres mais de les emprunter à la bibliothèque, parce que j'en ai marre de livrer des tombereaux de bouquins que je ne veux pas garder à la kermesse de mon bled, au téléthon ou à Amnesty !

lundi 6 décembre 2010

Que dire après un week-end beaucoup trop bon pour que le lundi ne me soit pas douloureux ? J'ai fait le plein de rires, de chaleur et d'amour mais le contraste avec ce lundi est un peu brutal. Nous avons bu du champagne, échangé des petits cadeaux obligatoirement rouges mais coûtant cinq euros maximum, hué le Père Fouettard et fait un triomphe à Saint-Nicolas, j'ai reçu entre autres un "Acte vosgien tragicomique en cinq scènes et en alexandrins rimés" (avec couverture rouge) carrément hilarant composé par le copain de ma fille aînée, nous avons mangé des choses délicieuses... Et puis tout le monde est reparti et nous avons repris le chemin du boulot.
Là où je travaille règne parfois une ambiance délétère pleine de morosité, ça devient pénible à supporter. Trop de basses pressions depuis longtemps, trop de froid, trop de neige, trop d'enseignants forcément fatigués (en principe le prof est fatigué, c'est dans ses gènes), trop de dépressifs (l'enseignement rend-il dépressif ? Ou les dépressifs sont-ils attirés par l'enseignement ?). Bref il est temps qu'un peu de soleil revienne, ou les vacances, ou peut-être les deux.
Mais finalement ça devrait être interdit les trop bons week-ends, ça pourrit le lundi. Vivement demain.