lundi 31 janvier 2011

C'est un peu dur en ce moment. Mon boulot est peu intéressant et même si je sais que j'aurai normalement celui qui m'intéressait vraiment à partir de septembre prochain, j'ai un peu de mal à rester zen en attendant. A l'université comme ailleurs dans l'Education Nationale, tout fout le camp et c'est déprimant.
Par ailleurs le neurologue m'a augmenté un médicament qui me fatigue énormément et j'ai parfois l'impression d'avoir cent ans. Je suis allée à Paris un des derniers weekends et il m'a fallu la semaine pour m'en remettre. Pourtant à part marcher et me coucher un peu plus tard que d'habitude, je n'ai rien fait d'extraordinaire. Je sais que je vais m'habituer à cette nouvelle posologie, mais c'est parfois démoralisant d'avoir toujours besoin de se reposer.
Alors voilà, au lieu de ronchonner, je vais juste attendre d'avoir quelque chose d'un peu plus positif avant de refaire un billet. Mais ça peut être demain, je n'ai pas l'intention de me morfondre trop longtemps :-)

mercredi 19 janvier 2011

Quand mon père est mort, ma mère ne nous l'a dit que le lendemain. Ils avaient passé une bonne journée, mon père avait fait sa visite mensuelle au médecin, ils avaient rendu visite à une connaissance, fait des courses et acheté du vin. Mon père était un connaisseur en la matière, il en buvait peu mais avec gourmandise et sa cave était variée et bien remplie. Le soir venu, ils se sont couchés et alors que ma mère lisait et que lui somnolait, il a respiré bruyamment, s'est soulevé pour la regarder, son regard s'est brouillé et il est mort. Ma mère a appelé le SAMU, la femme médecin a fait ce qu'elle pouvait mais c'était fini. Elle a demandé à ma mère s'il fallait prévenir quelqu'un ou l'aider de quelque façon que ce soit, ma mère a dit que ça irait. Et elle a passé la nuit à ses côtés dans le lit pour être avec lui une dernière fois, lui faire ses adieux, je suis sûre qu'elle lui a parlé toute la nuit.
Et au matin, elle a téléphoné à mes frères, au mari de ma soeur et à mon mari. Je crois qu'elle a eu peur que ce soit trop dur pour ses filles, elle avait déjà assez de sa propre douleur aussi, elle est passée par nos maris pour adoucir le choc. Il devait être 9 heures du matin, j'étais à mon travail, je suis rentrée à la maison. Comme c'était mercredi, ma fille aînée de 13 ans était là, je lui ai dit tout de suite. Et puis je suis partie à la campagne, vers la maison de famille où mes parents étaient. Ma mère m'a semblé toute petite, je crois que mon grand frère était là. Mon père était au funérarium, c'est là que j'ai fait connaissance avec ces endroits. Ma mère se faisait du souci pour ma deuxième fille, âgée de 10 ans, qui devait rentrer le soir même d'un séjour de dix jours en Vanoise avec sa classe. Quelle tristesse d'accueillir ce bout-de-chou tout content de rentrer avec cette nouvelle.
J'ai passé les trois jours avec ma mère au funérarium, c'est bizarre, je n'en ai pas que de mauvais souvenirs. Je lui ai donné mon gros gilet noir pour qu'elle n'ait pas froid, nous avons parfois ri, pleuré bien sûr, nous nous sommes assises sur le banc qui était dehors, je lui ai donné quelques bonbons qui traînaient dans mon sac quand sa gorge était trop serrée. Depuis, chaque fois que je rafle des bonbons à la caisse d'une station-service ou en payant au restaurant chinois, je pense à ce moment.
Finalement mon autre frère et sa fille sont arrivés d'Amérique après des heures de queue et de contrôles, c'était au mois de septembre 2001. Ma mère était contente qu'il y ait beaucoup de monde à l'enterrement et que la tombe soit couverte de fleurs, elle était sensible aux couronnes venant d'Allemagne qui témoignaient de la réussite de leur projet de jumelage franco-allemand. Je ne sais plus qui a eu l'idée bizarre de revenir prendre des photos l'après-midi, mais j'ai quelques photos surréalistes de nous et des montagnes de fleurs, comme pour garder une trace de ce moment.

dimanche 9 janvier 2011


Ma mère est un drôle d'oiseau. La dernière fois qu'elle est allée à Paris, il y a un mois ou deux, elle est passée par hasard devant le Palais de la découverte. Comme elle n'avait rien de prévu, elle y est entrée et y a passé trois heures. Elle en est revenue enthousiasmée et prévoit d'y retourner dès que possible.
Ma mère vient d'avoir 88 ans. Je pense souvent qu'elle est indestructible, mes filles prétendant même qu'elle est atteinte du syndrome Benjamin Button et qu'elle rajeunit. C'est possible, elle est capable de tout. Elle est de ces femmes qui résistent à tout, qui font face aux épreuves avec courage et se relèvent toujours. Je rêve d'avoir sa force et sa vitalité, j'espère qu'elles sont inscrites dans mes gènes.
L'origine de tout cela doit être son départ dans la vie, pas forcément facile. Quand elle était bébé, son père a tenté de la jeter par la fenêtre. C'était un instituteur bien sous tous rapports qui faisait vivre un enfer à sa femme parce qu'il buvait à la maison et devenait violent, mais nul ne le soupçonnait à l'extérieur. Le jour où il s'en est pris à son enfant, ma grand-mère, institutrice elle-aussi a décidé de le quitter. Elle a été convoquée par l'Inspecteur d'Académie parce que c'était scandaleux et a frôlé de très près la radiation. Une femme qui quitte son mari en 1922, même s'il est violent et a presque tué leur enfant, c'est une femme de mauvaise vie qui ne mérite que le mépris. Finalement, on l'a nommée dans un village perdu au fin fond du département pour qu'elle se fasse oublier et elle a gardé ce métier qu'elle aimait tant. Ma mère a gardé en elle l'injustice faite à sa mère et a toujours été une battante elle aussi.
Ma mère est entrée à l'internat en 6ème et garde encore en elle la souffrance de cette petite fille séparée d'une mère adorée. Le collège n'était qu'à une quinzaine de kilomètres mais il n'y avait à l'époque pas d'autre solution que l'internat. Elle travaillait très bien et a gardé les lettres que sa mère lui écrivait, elles sont très belles. Ensuite elle est entrée à l'Ecole Normale pour devenir institutrice elle aussi. La guerre est arrivée, elle a passé une licence d'allemand en parallèle avec son métier et a finalement passé le CAPES pour devenir professeur. Il faut s'imaginer cette époque où elle devait louer une chambre chez l'habitant pour se loger là où on la nommait, la glace qu'elle cassait parfois dans la cuvette pour se laver le matin, les kilomètres qu'elle faisait à bicyclette...
Elle aimait l'allemand parce que sa mère le parlait très bien. Ma grand-mère habitait un village tout près de la ligne de front pendant la guerre de 1914 et avait compris très jeune que les soldats allemands qui se trouvaient tout près de la ferme de ses parents étaient de pauvres diables au même titre que les soldats français qui se trouvaient également tout près. Ses propres parents permettaient aux soldats des deux bords de chauffer leur soupe chez eux et les Allemands leur donnaient parfois en remerciement du sucre destiné à leurs chevaux mais qui était bien aussi bon que le sucre raffiné, ou du pain noir si dur qu'ils le faisaient tremper dans du lait et de l'eau pour réussir à le manger. Au préalable, mon arrière-grand-père devait le fendre à la hache.
Cette intelligence était rare à l'époque chez les gens de la région, habitués à considérer les boches comme les ennemis héréditaires. Lorsque ma mère a passé l'oral du CAPES à Paris, elle y a rencontré un jeune homme qui a finement proposé de lui envoyer les résultats lorsqu'ils seraient publiés, pour lui éviter de refaire le voyage. C'est ainsi qu'elle s'est mariée avec un autre professeur d'allemand. Leur combat après la guerre a été le rapprochement franco-allemand à travers le jumelage de villes des deux anciens ennemis. Ma mère est très heureuse aujourd'hui de savoir que sa petite-fille Juliette est fiancée à un jeune Allemand rencontré lors d'une année d'études Erasmus, c'est pour elle le symbole de la réussite de leur combat.
Ma mère a renouvelé son passeport l'année dernière "au cas où" m'a-t-elle dit, elle se fait de nouveaux amis à chaque fois qu'elle prend le train, elle est très fière de ses quatre enfants et de ses onze petits-enfants. Je ne sais pas si elle sait à quel point je suis fière d'elle. Je sais que j'ai hérité de certains de ses défauts (impatience, exigence, un côté bien trop entier parfois qui me rend trop directe quand j'ai quelque chose en travers de la gorge), j'espère que j'ai hérité de la moitié de ses qualités.

jeudi 6 janvier 2011


Juste une petite photo pour vous montrer que mon vase, même s'il vient effectivement de Nancy, n'est pas un Gallé ! Ou alors il était très jeune quand il l'a fait, 5 ans maximum je dirais ;)

mercredi 5 janvier 2011

Juste une petite rectification : il est très lisible en fait mon cadeau de Noël de belle-maman. Plutôt bien écrit, une seule partouze lesbienne jusque là et j'en suis bien à la moitié, rien à dire. Comme quoi les a priori ma bonne dame, il faut s'en méfier.
Il est d'ailleurs beaucoup mieux écrit que la biographie de tante Yvonne qui a tant plu à ma belle-mère, dont le style dénué de grâce est lourdement démonstratif.
Comme quoi d'accord, je suis une fine mouche, mais la Jeannine (toujours ma belle-mère) n'est pas mal non plus ! Et pour une fois, pas besoin de faire malencontreusement tomber son cadeau pour m'en débarrasser à l'insu de mon plein gré, ça me change du vase couleur gadoue déjà mentionné qui est toujours en vie à l'heure où je vous parle. Et non, ne n'est pas lui qui est en photo sinon je serais très riche puisque c'est un Gallé, c'est juste qu'il lui ressemble en plus petit, plus lisse et avec des couleurs criardes. Moche, quoi.