lundi 23 mai 2011

Les larmes qui coulent à peine arrivée au boulot. Les larmes qui coulent encore rien que d'y penser. Les collègues qui me regardent d'un air un peu gêné. Ma responsable qui vient me voir pour réorganiser le service parce qu'elle voit que je n'en peux plus. Une étudiante à qui je suis obligée de dire que j'ai un problème personnel parce que les larmes coulent pendant que je lui parle. Ma tête de déterrée dans le miroir. Surtout que personne ne soit trop gentil avec moi sinon ça va recommencer.
En fait pas de problème personnel, juste une accumulation. Grosse fatigue, gros psychodrame familial dans ma belle-famille, gros rush de fin d'année universitaire, absence d'une collègue qu'il faut bien sûr que je remplace en partie, prise de tête stérile avec une (ancienne ?) amie, ras-le-bol général, envie d'explosion, de sommeil pendant 48h, de partir, que surtout on ne me demande rien sinon ça va recommencer.
Voilà. Comme dirait cette cruche de Mylène Farmer, c'est une belle journée, je vais me coucher...
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mercredi 18 mai 2011

Quand je l'ai rencontrée, j'ai aimé son côté dynamique et sincère. Nos enfants devaient être au CE1, quelque chose comme ça. On a commencé à discuter en préparant la kermesse de l'école, on s'est mises l'une à côté de l'autre pour le barbecue du soir qui a suivi cette journée.
Elle parlait beaucoup et avait quelque chose de différent, une sorte de franc-parler et d'humour abrupt qui m'a plu. Une forme d'intelligence de la vie, très loin des théories et des idées fumeuses. Au fil du temps, j'ai compris qu'elle avait vécu des choses très difficiles faites de galères familiales, de parents peu aimants et très peu éduqués. Je crois qu'elle est partie de chez elle très jeune, a dormi dans des endroits improbables, a été victime d'une tentative de viol et a vécu d'autres aventures que je saurai certainement un jour.
Elle n'a aucun diplôme et a toujours durement travaillé pour s'élever dans la société. Elle s'est mariée avec un militaire plus jeune qu'elle. Il a trouvé en elle une femme forte et elle a trouvé en lui un homme plutôt intelligent et posé, ce qui contraste terriblement avec l'agitation qui la caractérise. La première fois que je suis allée chez elle, j'ai jeté un coup d'oeil aux médicaments qui traînaient sur son buffet, j'étais sûre d'y trouver des calmants ou des anxiolytiques, des choses qui attesteraient de son côté un peu limite. Mais je n'ai rien vu.
Elle a beaucoup souffert pendant l'enfance de son fils parce que tout le monde le détestait. Les enseignants l'avaient pris en grippe parce qu'il était à la fois agité et un peu bizarre, pas méchant mais il n'entrait pas dans les cases. Ils pensaient qu'il faisait exprès de ne pas suivre et de perturber la classe par ses lubies. Et bien sûr ils ont pris la mère en grippe, puisqu'elle était elle aussi en quête de réponses et cherchait de l'aide de la part des enseignants. Ce qui est souvent une erreur fatale, du moins avec ceux-là...
Ce n'est qu'après avoir déménagé dans une ville plus grande à cause d'une mutation de son mari qu'un médecin lui a appris que son fils était épileptique. Il avait des absences qui faisaient qu'il ne suivait pas à l'école, mais personne ne l'avait compris. Il faisait des crises pendant son sommeil et personne ne le voyait. Il était fortement déprimé à cause du rejet dont il faisait l'objet, mais personne ne l'avait compris puisqu'il se rendait agaçant à force d'essayer d'attirer l'attention.
Maintenant il a 20 ans et il va bien. Il a été scolarisé en Bretagne dans un centre spécialisé et son épilepsie a guéri parce qu'elle était liée à une immaturité du cerveau qui passe avec l'âge. Il va entrer dans l'armée parce qu'il n'a aucun diplôme et a besoin d'être cadré d'après sa mère, heureusement qu'il reste cette solution.
Mais ma copine est dévastée pour toujours et chaque fois qu'elle m'appelle, dix ans après, il y a toujours un moment où elle me reparle de l'instituteur du CP, le premier à avoir pris son fils en grippe sans même avoir l'idée de faire venir le psychologue scolaire. Alors même si ça prend une heure à chaque fois, même si elle me bouffe un peu mon énergie en déversant son stress sur moi, même si c'est elle qui parle pendant presque la totalité de nos conversations, je l'écoute avec plaisir. Et je suis contente de constater en raccrochant que son débit s'est ralenti au fil de la conversation, qu'elle a fini par me laisser en placer une, qu'on a ri et qu'elle se sent mieux. C'est peu de chose par rapport à tout ce que la société lui a fait subir à travers son regard réprobateur, que ce soient les enseignants ou les autres parents d'élèves qui la regardaient d'un air ironique.
Moi elle m'a toujours touchée. Et elle m'a aussi apporté beaucoup d'une certaine façon, une ouverture sur un monde qui n'est pas le mien, moi qui évolue dans le monde douillet des gens qui ont eu la chance d'avoir une famille aimante, des enfants intégrés, des fins de mois sans problèmes et des vacances à l'étranger. Elle, elle viendrait bien me voir mais elle a peur de prendre le métro à Paris parce qu'il faut changer de gare. Et ça me touche infiniment plus que les angoisses nombrilistes de certains, parce qu'elle a de vraies raisons d'avoir des angoisses.


mercredi 4 mai 2011

Décopatchouillons

Pour Kyra, voici une magnifique girafe rhabillée par ma fille...




... et une non moins magnifique vieille petite table rhabillée pour aller dans son studio


Voilà !

lundi 2 mai 2011

Premier jour de vacances à la maison. Et comme toujours dans ces cas là, je broie du noir, Enfin n'exagérons pas, du gris. Trop de temps pour penser et m'angoisser. Je râle contre le boulot mais la maison ne me vaut rien. Samedi j'ai fait un tour dans un magasin qui offre un tas de choses pour s'occuper (peinture, point de croix, mosaïques, décopatch, scrapmachin et compagnie...). Et je m'aperçois qu'à part lire, je ne sais rien faire pour m'occuper. 
Alors je vais sur fessebook et je lis les statuts des uns et des autres... Ma famille côté Etats-Unis qui se souvient avec émotion des deux amis morts dans le premier avion qui a traversé les tours... ma fille qui en a marre de réviser... mes copines qui mettent en ligne de vieilles chansons de leur jeunesse trouvées sur le net... Rien de très intéressant, comme toujours.
Je me dis que je pourrais appeler ma sœur puisqu'elle ne travaille pas le lundi. Oui c'est sûr, je pourrais. Il faudrait aussi que je déplace ce tournesol trop à l'étroit dans sa jardinière. Il faudrait que je téléphone pour prendre un rendez-vous. Il faudrait que je trie ces vieux habits qui sont pour l'instant en tas dans un coin de ma chambre.
Demain peut-être. On verra plus tard.