lundi 6 février 2012

L'autre jour, j'ai fait la causette avec mon étudiant congolais. Enfin pas "mon" étudiant, mais le petit gars dont je vous ai déjà parlé il y a plusieurs mois. Il m'a parlé de ses parents, de sa maman qu'il n'a pas vue depuis des années parce qu'il a étudié au Sénégal avant de venir en France. D'ici on se dit que tout ça c'est l'Afrique, en fait il y a pas loin de 4000 kilomètres entre ces deux pays.
Sa mère fabrique des yaourts qu'elle vend et il rêve d'économiser assez pour pouvoir lui offrir un mixer ou un robot, il n'a pas su me dire exactement, un truc qui remuerait tout seul ses préparations. Mais sa mère a un problème de santé : suite à un mauvais sort, elle peut rester paralysée un mois d'une jambe. Elle a tout essayé de la médecine traditionnelle, a même vu des Chinois m'a-t-il dit, mais rien ne la soulage. Il paraît qu'on lui a retiré des aiguilles de la jambe, il m'a aussi parlé d'une histoire de serpents, une sacrée cochonnerie ce mauvais sort.
Et puis son père a une deuxième femme depuis une dizaine d'année, ce n'est pas facile tous les jours. La famille est visiblement très chrétienne mais ça n'empêche pas la polygamie. Du coup le père a un terrain séparé en deux, d'un côté du mur la première femme et de l'autre la deuxième. Néanmoins la maman de l'étudiant, la plus âgée des deux, a un statut particulier, tout le monde la respecte et l'appelle la mère supérieure. Quand la deuxième femme veut emmener ses enfants quelque part, ils disent "non, on reste avec mère sup !'.
J'ai trouvé la façon dont il me racontait ça en toute simplicité très touchante. Parce qu'il est intelligent et qu'il sait forcément que pour un Blanc de France, une histoire de mauvais sort peut sembler bizarre. Et que chez nous, il n'y a pas de mère sup' qui règne sur les enfants, même ceux de la deuxième épouse.
Là il cherche un stage obligatoire dans le cadre de ses études, mais évidemment il galère. Il va sûrement être obligé d'aller dans un autre coin de France, là où il y a plus d'emploi dans sa branche et où on est peut-être plus ouvert sur l'idée d'embaucher un jeune Africain. Au fait Brigitte, si tu passes par là, je lui ai aussi donné les sacs vides qui contenaient les vêtements que ton amie avait réunis pour lui, parce qu'il est amené à se déplacer pour aller prospecter et il faudra sûrement qu'il déménage d'ici peu.
Quand je vois mon thermomètre qui marquait -15 ce matin (sans parler de la température ressentie, du vent et de l'âge du capitaine), je pense à ce qu'il a écrit l'autre jour sur fac*book quand il y avait de la neige : "voilà le diable blanc".

10 commentaires:

  1. Et que chez nous, il n'y a pas de mère sup' qui règne sur les enfants, même ceux de la deuxième épouse. Crois-tu vraiment que ce genre de situation n'existe pas chez nous? Suis pas sûre moi.

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    1. Je voulais juste dire que la polygamie n'était pas institutionnalisée. Après, ce qui se passe dans chaque foyer, je n'en sais rien moi...

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  2. Ton "pauvre diable" me fait de la peine. Mon cœur de mère se serre à chaque fois que l'évoques. As-tu vu le très bon reportage sur Arte hier soir. Je vais t'envoyer le lien sur Fb. Et comme il repasse dans la semaine, essaie de l'enregistrer.

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  3. Cela me fait penser à une personne que j'accompagne, qui vient de Madagascar et qui vit en France depuis près de 7 ans. Lorsque je lui demandais si elle ressentait du stress dû à la recherche d'emploi, elle m'a répondu qu'elle n'avait jamais ressenti une telle choses ni dans son corps, ni dans son esprit. J'aime ces différences de langage, de culture qui nous font nous interroger sur ce que l'on a et sur ce que l'on est. Une vraie richesse.
    Je prends le clin d’œil sur la température ressentie pour moi et je n'en démords pas chère Hermione, une tocade purement subjective ;)

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  4. Tu en parles bien. Je n'arrive pas à avoir la même tendresse pour mes africains de ma file...

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  5. @PPN : je crois qu'il se plaît quand même, son moral est bon.
    @Cloudy : c'était un clin d'oeil, comme tu l'as compris. Tu as raison, seul le thermomètre est objectif (et il disait encore -15 ce matin, pffff !).
    @Moune : toi c'est normal que tu satures, c'est plus facile de tisser un lien avec une personne que d'avoir une file à gérer

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  6. Tu as bien fait pour les sacs , en Afrique , il y a beaucoup de maraboutage et de croyances vaudoues , ici , ça nous dépasse !

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  7. Brigitte, il sort de mon bureau à l'instant. Il vient d'être accepté pour son stage de 3 mois dans une entreprise en Champagne, je suis super contente ! Il connait là bas une fille qui était étudiante comme lui à Dakar, il ne sera pas perdu :D

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  8. Il est certain qu'on selectionne nos ecrits! en general je ne parle pas de mes ennuis. C'est un choix

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  9. Je suis souvent emue moi aussi par les histoires de ceux qui viennent au local ou je distribue de la nourriture et des vetements ( excuse le manque d'accents, je ne les trouve pas sur le clavier de mon amie chez qui je suis a Londres)

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