vendredi 11 septembre 2009

Ground zero


Je me souviens du 11 septembre 2001. J'étais à mon travail et quelqu'un est entré dans la pièce en disant qu'il y avait eu un crash d'avions à New York, un avion en provenance de Boston, peut-être deux. Aussitôt j'ai eu une sorte de pressentiment, j'ai eu peur pour mon frère. Il vit à Boston depuis longtemps, c'est un "business man" qui prend l'avion chaque semaine et bizarrement, il est entouré de catastrophes depuis de longues années. Sa femme a eu un cancer du système lymphatique l'année suivant leur mariage à 24 ans, elle a maintenant 55 ans et vient de guérir d'un cancer du sein venu secondairement aux lourdes radiothérapies qu'elle a subies il y a 30 ans. Double mammectomie, reconstruction impossible car les tissus ont trop souffert des rayons. Elle est actuellement traitée pour un cancer de l'utérus, après ablation bien sûr. Et elle a un gros problème cardiaque également consécutif aux traitements subis, il faudra lui mettre une valve artificielle d'ici peu. A part ça, leur fille aînée a été violée plusieurs fois par un pédophile quand elle avait une douzaine d'années, elle n'osait pas le dénoncer parce qu'il menaçait de tuer son petit frère. Petit frère autiste, ce serait trop simple.
Bref, j'ai eu peur pour mon frère. Je suis rentrée chez moi et ma mère m'a appelée pour me dire qu'il venait de l'appeler, il n'était pas dans l'avion. Mais aurait dû le prendre et avait finalement renoncé à ce voyage la veille. Et deux de ses collègues étaient dans l'avion. Maintenant, il y a deux grands mâts devant l'entrée de l'immeuble où ils travaillaient, avec un drapeau américain qui flotte en haut de chacun en mémoire de ses deux amis. Je me souviens que mes filles, qui n'étaient pas très grandes, n'ont pas compris pourquoi j'ai tant pleuré après l'appel de ma mère.
Finalement mon frère passe son temps à avoir le coeur brisé, les balles sifflent à ses oreilles mais ne le blessent jamais directement. Je me souviens qu'il était très inquiet quand j'ai subi une intervention neurologique à l'été 2008 et je me suis bien juré que tout se passerait bien parce que je ne pouvais vraiment pas lui faire ça.
Aujourd'hui, mon frère est un peu devenu un sage, il vit chaque 11 septembre comme une célébration de toute la solidarité qu'il a sentie en ce jour horrible et il fait en sorte que cette chaleur humaine prenne le pas sur la tristesse. Toutes ses souffrances l'ont conduit à s'ouvrir sur les autres, à essayer de les aimer plus. C'est peut-être pour lui la seule issue pour surmonter tout ça.


1 commentaire:

  1. Et avec tout ce qu'il vit, il a quand même le moral? Parfois on a presque envie de dire, c'est trop!
    Mab

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