
Quand ma mère fait un grand voyage, ou même parfois sans raison, elle me rappelle ce que je devrai faire après sa mort. Elle a un cahier où tout est écrit. Les placements bancaires, les assurances-vie, le marbrier à prévenir, la mutuelle qui prend en charge une certaine somme, l'endroit où la clé du coffre est cachée (le coffre contient essentiellement de vieilles alliances dont on a depuis longtemps oublié le propriétaire, des diplômes universitaires, peut-être le premier triton d'un de mes frères ou un accessit de solfège de ma sœur ou moi).
Elle est contente de pouvoir m'en parler, ça lui fait du bien de savoir que tout est en ordre et que nous ne serons pas pris au dépourvu par le côté matériel. Ça l'agace que mon frère aîné pousse des cris et l'arrête lorsqu'elle essaie d'aborder le sujet. Il refuse d'envisager l'hypothèse que sa mère puisse mourir.
Moi j'écoute ma mère en souriant, je lui demande quand elle aura fini ses mémoires d'outre-tombe, on en rit en disant que ça ne fait pas mourir d'en parler.
Si je ne savais pas que ce n'est pas sa faute, je trouverais la réaction de mon frère égoïste. Mais il n'y peut rien, c'est un grand anxieux très attaché à sa maman, il ne peut même pas envisager l'idée. J'aime beaucoup ma mère aussi, je sais qu'elle me manquera terriblement le jour venu, bien plus que tout ce que je peux imaginer, mais je sais qu'une dame de 87 ans peut décemment envisager de mourir sans que ce soit scandaleux. Et je pense que la meilleure façon de l'accompagner, c'est d'accepter d'envisager cette idée avec elle. Je pense que pour partir serein, il faut savoir que ceux qu'on laisse vont l'accepter. Souffrir bien sûr, pleurer, mais qu'ils garderont le meilleur de nous pour que ce soit une force vivante en eux, pas un chagrin inconsolable.
Je tire peut-être cette quasi certitude de la personnalité de ma mère. Elle a une volonté de fer, une vitalité incroyable, une force de vie hors du commun. Je pense que cette petite flamme ne s'éteindra jamais vraiment et que j'en garderai une parcelle en moi. Mais je sais que si j'ai la chance d'être à ses côtés le jour où elle s'éteindra, je lui dirai qu'elle peut partir, que tout se passera bien pour nous, que je m'occuperai du notaire, des terrains, de la maison et de mon grand frère s'il a trop de chagrin.
Elle est contente de pouvoir m'en parler, ça lui fait du bien de savoir que tout est en ordre et que nous ne serons pas pris au dépourvu par le côté matériel. Ça l'agace que mon frère aîné pousse des cris et l'arrête lorsqu'elle essaie d'aborder le sujet. Il refuse d'envisager l'hypothèse que sa mère puisse mourir.
Moi j'écoute ma mère en souriant, je lui demande quand elle aura fini ses mémoires d'outre-tombe, on en rit en disant que ça ne fait pas mourir d'en parler.
Si je ne savais pas que ce n'est pas sa faute, je trouverais la réaction de mon frère égoïste. Mais il n'y peut rien, c'est un grand anxieux très attaché à sa maman, il ne peut même pas envisager l'idée. J'aime beaucoup ma mère aussi, je sais qu'elle me manquera terriblement le jour venu, bien plus que tout ce que je peux imaginer, mais je sais qu'une dame de 87 ans peut décemment envisager de mourir sans que ce soit scandaleux. Et je pense que la meilleure façon de l'accompagner, c'est d'accepter d'envisager cette idée avec elle. Je pense que pour partir serein, il faut savoir que ceux qu'on laisse vont l'accepter. Souffrir bien sûr, pleurer, mais qu'ils garderont le meilleur de nous pour que ce soit une force vivante en eux, pas un chagrin inconsolable.
Je tire peut-être cette quasi certitude de la personnalité de ma mère. Elle a une volonté de fer, une vitalité incroyable, une force de vie hors du commun. Je pense que cette petite flamme ne s'éteindra jamais vraiment et que j'en garderai une parcelle en moi. Mais je sais que si j'ai la chance d'être à ses côtés le jour où elle s'éteindra, je lui dirai qu'elle peut partir, que tout se passera bien pour nous, que je m'occuperai du notaire, des terrains, de la maison et de mon grand frère s'il a trop de chagrin.