mercredi 17 novembre 2010

Tout à l'heure, après une contrariété, j'ai ressenti une intense envie de chocolat. Ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé, cette espèce de connexion directe entre un problème et sa solution par la bouffe.
J'étais une jolie petite fille blonde souriante et bouclée, potelée comme il faut. Ensuite j'ai été une ado plutôt moche et sans grâce. Pas grosse mais pas fine, nulle en sport parce que j'étais tellement sûre de rater que je faisais en sorte de vraiment bien me louper. Et bien sûr il y avait des filles naturellement élancées que je regardais avec envie. Ma sœur m'avait un jour appelée "Gonflette", ce n'était pas sympa et je m'en souviens. En même temps c'était un âge où on était comme chien et chat, je ne lui en ai pas vraiment voulu.
J'ai fait une seconde scientifique  un peu contre mon gré et j'ai passé une année de véritable souffrance où j'avais peur en me levant le matin. Je me souviens avoir trouvé un réconfort dans de grands bols de chocolat au lait avec des tartines quelle que soit l'heure. Je suis sortie de l'âge très ingrat mais je ne me suis pas sentie plus à l'aise avec mon corps. En plus ma mère n'était pas psychologue pour deux sous et nous habillait de façon utilitaire mais on n'avait pas droit à la coquetterie. Pas facile quand des filles avaient des tas de fringues, moi j'avais des vêtements, c'est tout.
C'est lorsque je suis partie faire mes études que j'ai un peu mangé n'importe comment. En gros je ne mangeais rien de la semaine, puis je mangeais beaucoup pendant le weekend, sachant que j'expierais ce péché dès le lundi. Je mangeais une soupe claire le soir, puis je coupais les quartiers d'une pomme en tranches très minces et je lisais en mangeant très lentement ces lamelles. Puis j'allais me coucher, je dormais beaucoup à l'époque.
J'ai été aux anges quand on m'a dit que j'avais beaucoup maigri. Je me souviens que pendant que je travaillais à la bibliothèque universitaire, je tâtais l'os de ma tempe pour être sûre qu'on le sentait vraiment bien. En même temps j'ai l'impression qu'on le sent chez tout le monde, mais ça me faisait plaisir. J'aimais bien aussi m'allonger et voir mon ventre devenir creux avec les os du bassin bien visibles. 
Mais finalement je suis une fille sans excès, juste un peu limite parfois mais sans plus. Et quand j'ai rencontré ce bel étudiant qui a mis du soleil dans ma vie, mes règles qui avaient disparu depuis longtemps sont revenues comme par miracle. Et j'ai fait comme dit le bon professeur Rufo en parlant des anorexiques, ce que je n'étais pas, "un jour elles tombent amoureuses, elles font un bébé et elles sont guéries".



12 commentaires:

  1. Il est bon Rufo !
    C'est qq fois plus comlexe mais...
    Lorsque je travaillais avec des groupes de femmes qui étaient désinserées de partout : famille, travail, école, la patrie n'était pas leur souci, ni le mien d'ailleurs, je me suis vite rendu-compte qu'elles avaient, à 80% d'entre elles, été soit incestées, soit maltraitées.
    Le travail à faire avec elles était bien loin du projet professionnel auquel tenait l'ANPE... Qui ne comprenait pas évidemment.
    C'est un grand regret d'avoir du cesser de travailler avant l'âge de la retraite. J'étais passionnée par mon taf.

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  2. J'ai une petite pensée attendrie (et un peu apitoyée aussi j'avoue) pour la petite étudiante aux tranches de pommes...

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  3. Ah le chocolat, je m'autorise 3 petits carrés bien noirs par jour, et d'abord c'est plein de magnésium, presque un médicament qui devrait être remboursé par la sécu.

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  4. Je deviens gourmande comme une vieille chatte. Moi qui un jour ai laissé se perdre une boîte de Leonidas offerte par un petit copain (!), maintenant je croque des carrés de chocolat n'importe quand. Heureusement pour moi, quand ma fille passe, elle fait la razzia sur la tablette !
    PS : Je suis sûre que tu exagères dans ton portrait d'adolescente ingrate que tu fais de toi ;)

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  5. Je ne suis pas une grande gourmande , je pourrais avaler une casserole de riz au lait ou de semoule , souvenir de mon enfance mais je ne suis pas interessée par les patisseries , bonbons et chocolat , finalement , c'est pas drôle !

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  6. Moi aussi, j'étais ingrate et pas vraiment bien dans ma peau, mais j'étais sportive, j'aimais l'effort, la souffrance. Qu'est-ce que je boulottais !

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  7. Je connais une anorexique que la grossesse n'a pas sauvée et son fils a des problèmes pour se nourrir...

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  8. Oui Heure Bleue, moi aussi je connais très bien une personne pour qui manger est toujours un problème malgré deux beaux enfants et un boulot qui l'(m)amuse ;)
    Tiens, j'ai eu aussi ma période pomme unique de la journée et l'émerveillement de sentir mes os pointer. C'est loinnnnnnn loinnnnn loinnnnn ce plaisir là :D

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  9. C'est sûr que Rufo ne vise que les cas légers dans cette phrase pleine d'espoir. Et comme dit, je n'étais pas anorexique, juste une jeune fille un peu déboussolée.
    Et c'est vrai que le plaisir des os qui pointent est loin, heureusement ! A nos âges Valérie, comme disait Chanel, il faut choisir entre son visage et ses fesses ! Un peu de rondeur adoucit les rides :D

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  10. C'est vrai que l'anorexie est un problème dans le lien parental, particulièrement à la mère je crois et que...Ruffo, oui pour certaines choses mais j'ai assisté à des conférences de luiet depuisje ne le lis plus quel réactionnaire prétentieux!

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  11. J'ai répondu à mamie Dany sur son blog, je lui disais qu'à Paris, c'était pire, on ne connaissait même pas son voisin de palier. Ici, je suis allée voir les fleuristes pour demander comment on pouvait sauver le chien..heure-bleue

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