lundi 25 avril 2011

Si j'avais l'âme d'une créatrice d'entreprise, je révolutionnerais tout ce qui tourne autour des rites funéraires en France. Pas pour les croyants, ils ont déjà ce qu'il faut, du moins je l'espère pour eux. Mais pour les autres, ceux qui comme moi ne trouvent aucun réconfort dans une église, ont envie de crier en entendant les banalités énoncées parfois mécaniquement par un prêtre lors d'un enterrement et savent bien que nos morts ne sont pas dans les cimetières.
Hier, nous sommes allés tous les deux dans la vieille maison de campagne pour passer la journée avec ma Maman, mon frère aîné, sa femme et deux de ses enfants. Quelques minutes avant d'arriver, j'ai demandé à O. de tourner à droite à la Croisette pour passer au cimetière. Je ne sais pas si c'est le cas dans toutes les régions, mais chez moi toute intersection ou presque est baptisée "croisette", et pourtant je n'habite pas à Cannes. Oui, si c'est le cas à Cannes, ce doit être comme ça dans toute la France (digression de la plus haute importance qu'il eut peut-être été opportun de supprimer...). 
Le cimetière est à flanc de coteau, au-dessus de l'église. Mon père est tout en haut, dernière travée, deuxième tombe en partant de la gauche. Un peu comme moi quand je vais au cinéma, toujours près de la sortie.  Plus haut, c'est un grand pré avec des fleurs des champs, on voit des arbres, de la verdure, la montagne vosgienne. La tombe est dans un granit plutôt bordeau.
Mais on fait quoi devant une tombe, quand on ne prie pas ? Moi j'ai besoin de toucher, de m'asseoir dessus, de poser mon sac un peu comme chez moi. Il y avait plein de pollen jaune alors j'ai sorti deux mouchoirs en papier et nous avons nettoyé la tombe. C'est bête, mais ça m'a rassérénée. Il y a une jardinière de fleurs artificielles plutôt moches sur la tombe, mais qu'est-ce qu'on peut y mettre par ici ? Il gèle fortement en hiver et il peut faire une chaleur étouffante en été, à moins qu'il ne pleuve pendant des jours. Et puis il ne faut pas compter sur moi pour entretenir tout ça, ça devait faire deux ans que je n'étais plus allée au cimetière. 

Mais bon, ce petit contact m'a fait du bien. Et je me suis dit que nos cimetières étaient vraiment sinistres. De gros caveaux sombres, des plaques de pierre ornées de fleurs froides comme la mort, rien où l'on puisse se sentir bien. J'aime les cimetières américains, où je n'ai pas vu de caveaux mais plutôt des plaques de pierre posées sur le gazon. On a envie de venir y parler, de s'y installer avec un livre ou même d'y manger son pique-nique. Il me semble qu'ici, la mort est trop solennelle et froide, qu'elle n'est pas assez intégrée à la vie. Il faudrait instiller un peu de convivialité dans tout ça, un peu de chaleur humaine dans la mort, moins de pompes et circonstances et plus de naturel. Ne plus chuchoter, se permettre de rire, apporter son tricot au cimetière et finir tranquillement son ouvrage assise sur la pierre chauffée par le soleil.


9 commentaires:

  1. Je n'y vais pas souvent moi non plus et quand j'y vais c'est pour nettoyer un peu. pour penser aux miens je n'ai pas besoin d'aller sur leur tombe mais j'aime bien les cimetières.

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  2. Moi aussi j'aime les cimetières , quand il y a du soleil , je me dis qu'ils reposent tranquillement

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  3. Pour ce qui est des cérémonies "laïques", j'ai assisté à quelques unes au ton très "juste", d'autres complètement kitch.
    Mais j'ai aussi été touchée par certaines cérémonies chrétiennes (quand le prêtre connait la famille, le défunt, ...)
    Le cimetière de ma ville est une de mes destinations de promenade. Deux de mes grands-parents y reposaient (ici, après 10 ans, on fait de la place pour d'autres morts). Je n'y vais pas pour eux, mais pour me promener dans le calme, voir les arbres et les plantes, déambuler entre les tombes et lire les petits mots sur les plaques, calculer l'âge que ces inconnus ont atteint, m'asseoir sur un banc, ... Prendre le temps de vivre quoi.

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  4. Je ne vais jamais au cimetière, mes morts restent là tant que quelqu'un pense à eux...

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  5. J'aime bien me balader dans les cimetières inconnus, regarder les noms sur les tombes, les photos aussi... Je suis souvent émue par les listes des monumens aux morts de la première guerre mondiale, où l'on constate que tant de frères, oncles, pères ou maris d'une même famille sont morts...
    Au Pays basque on trouve de très belle stelles discoïdales. Les cimetières sont souvent situés dans des endroits avec de très belles vues. Mes grands parents et ma mère sont enterrés dans les pyrénées, face à la montagne.
    Les cimetières anglais, avec leurs pierres sur lesquelles on peut lire un résumé de la vie du défunt sont sympa aussi.
    Certaines tombes sont tellement kitsches qu'elles en deviennent attachantes... Mais je préfèrerais personnellement être incinérée et que mes cendres soient répendues dans l'océan. Plus simple pour mes enfants plus tard, pas de tombe à entretenir et si on ne le fait pas, pas de culpabilisation...

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  6. En italie aussi les cimetières m'ont semblé plus "vivants"... C'est aussi peut-etre car les italiens y parlent plus fort ! ;-)

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  7. Ce post m'évoque une rencontre avec une Suissesse. Une blonde magnifique, tout en couleur, qui lorsque je lui avais demandé qu'elle était sa profession m'avait répondue avec un large sourire "Accompagnante dans le processus de deuil". Bien sûr j'ai demandé des éclaircissements et j'ai trouvé ce métier vraiment "génial". Le terme est fort mais je te rejoins totalement dans notre appréhension de la mort, dans nos rites, je nous trouve parfois bien ternes...

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  8. Moi, j'aime les cimetières français, avec les photos à regarder, les plaques à lire, les cavaux ou les tombes anonymes. Ce n'est pas forcément joyeux, mais pas forcément triste non plus. C'est plus les gens qui en font un lieu triste, qui regardent de travers les enfants qui courent dans les allées, que le lieu lui-même, je crois.

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  9. J'aime bien les cimetières français, regarder les noms, les plaques, les caveaux. je ne trouve pas ça triste comme endroit. C'est davantage les gens qui se forcent à être dans la retenue et la tristesse lorsqu'il y vont que le lieu lui même, je crois.
    A part ça, je suis bien contente de pouvoir enfin laisser des commentaires car la dernière fois, blogspot était en travaux et cela n'était pas possible !

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