Dans l'école où mes filles sont allées, l'aboutissement c'est le CM2. Pas parce que c'est la dernière classe, mais parce que c'est l'année de la Vanoise. Déjà il y a le maître, que tout le monde adore. Les élèves l'appellent par son prénom et le tutoient, mais il garde sa place de maître et les élèves le respectent. Il considère que le sport et l'ouverture sur le monde et l'actualité sont aussi importants que les autres matières. Il est toujours habillé de la même façon avec une laine polaire sur le dos en hiver, un T-shirt en été.
Alors la Vanoise, ça commence à la rentrée quand il fait faire de l'endurance à ses élèves. Eux qui jusqu'ici ont eu deux séances de sport par semaine, il les fait courir tous les jours dans la cour, d'abord cinq minutes, puis dix, puis quinze et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils aient acquis une certaine résistance à l'effort prolongé.
Et puis il y a une réunion avec les parents pour leur expliquer le but de la Vanoise. La découverte de la montagne, la vie en collectivité pendant dix jours, le travail scolaire qui sera quand même fait mais pas tous les jours, les activités le soir, les crozets qui sont comme des pâtes mais carrées, les joies de la montagne quoi. Et le beaufort, bien sûr.
Pendant la réunion, il donne une liste de tout ce qu'il faut. Le gros sac à dos pour le voyage, le petit sac à dos pour les randonnées, tout le linge marqué même chaque chaussette, les polaires, un peu de sous pour rapporter un cadeau (on a quand même mis un certain temps à manger le kilo de beaufort qu'elle nous a ramené), les chaussures de marche et les baskets. Quand ma petiote a mis son gros sac sur le dos la veille du départ pour essayer, elle est tombée en arrière tellement c'était lourd.
Le dimanche veille du départ de Virginie, nous avons mangé du poulet au fromage parce que c'était son plat préféré. Et l'après-midi, elle a tout vomi parce qu'elle avait trop peur de partir dix jours là-bas. Alors qu'elle ne le montrait pas beaucoup jusque là. Alors on a commencé par parler, la rassurer, lui dire que c'était normal d'avoir peur et qu'elle n'était pas la première à vomir à cause de ça. Elle a ensuite appelé sa grand-mère, ma maman, avec qui elle s'entend très bien. Ma mère lui a raconté qu'elle-même était devenue interne dès la sixième et qu'elle était malheureuse, sa maman aussi d'ailleurs, mais elles n'avaient pas le choix parce que c'était vers 1933 et qu'il n'y avait pas les facilités de transport d'aujourd'hui. Et qu'elle avait mal au ventre quand elle devait repartir mais qu'elle l'a fait. Et comme ma Virginie est une petite bête très courageuse comme sa mamie, ça lui a fait du bien et elle a raccroché le téléphone toute rassérénée.
Ensuite on a fait des habits de Barbie à l'ordinateur avec un CD-rom, un truc que je ne prenais jamais le temps de faire avec elle jusque là. On a imprimé, coupé, collé, c'était bien et ça a aidé ce dimanche à passer tranquillement.
Et finalement tout s'est bien passé pendant la Vanoise. J'allais voir tous les jours à l'école le compte-rendu que les élèves envoyaient par fax, avec des articles illustrés de dessins. Il faut dire que c'était au siècle dernier, Virginie a 21 ans, on ne communiquait par par téléphone portable et le maître n'avait pas d'ordinateur portable. Pour sa petite sœur, trois ans après, il y avait un blog sur internet où on lisait leur compte-rendu chaque soir.
J'y pense parce que demain, on mange du poulet au fromage. Sans Virginie bien sûr, je ne crois pas qu'elle en ait jamais remangé. Mais on va parler de la Vanoise, c'est sûr.
Alors la Vanoise, ça commence à la rentrée quand il fait faire de l'endurance à ses élèves. Eux qui jusqu'ici ont eu deux séances de sport par semaine, il les fait courir tous les jours dans la cour, d'abord cinq minutes, puis dix, puis quinze et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils aient acquis une certaine résistance à l'effort prolongé.
Et puis il y a une réunion avec les parents pour leur expliquer le but de la Vanoise. La découverte de la montagne, la vie en collectivité pendant dix jours, le travail scolaire qui sera quand même fait mais pas tous les jours, les activités le soir, les crozets qui sont comme des pâtes mais carrées, les joies de la montagne quoi. Et le beaufort, bien sûr.
Pendant la réunion, il donne une liste de tout ce qu'il faut. Le gros sac à dos pour le voyage, le petit sac à dos pour les randonnées, tout le linge marqué même chaque chaussette, les polaires, un peu de sous pour rapporter un cadeau (on a quand même mis un certain temps à manger le kilo de beaufort qu'elle nous a ramené), les chaussures de marche et les baskets. Quand ma petiote a mis son gros sac sur le dos la veille du départ pour essayer, elle est tombée en arrière tellement c'était lourd.
Le dimanche veille du départ de Virginie, nous avons mangé du poulet au fromage parce que c'était son plat préféré. Et l'après-midi, elle a tout vomi parce qu'elle avait trop peur de partir dix jours là-bas. Alors qu'elle ne le montrait pas beaucoup jusque là. Alors on a commencé par parler, la rassurer, lui dire que c'était normal d'avoir peur et qu'elle n'était pas la première à vomir à cause de ça. Elle a ensuite appelé sa grand-mère, ma maman, avec qui elle s'entend très bien. Ma mère lui a raconté qu'elle-même était devenue interne dès la sixième et qu'elle était malheureuse, sa maman aussi d'ailleurs, mais elles n'avaient pas le choix parce que c'était vers 1933 et qu'il n'y avait pas les facilités de transport d'aujourd'hui. Et qu'elle avait mal au ventre quand elle devait repartir mais qu'elle l'a fait. Et comme ma Virginie est une petite bête très courageuse comme sa mamie, ça lui a fait du bien et elle a raccroché le téléphone toute rassérénée.
Ensuite on a fait des habits de Barbie à l'ordinateur avec un CD-rom, un truc que je ne prenais jamais le temps de faire avec elle jusque là. On a imprimé, coupé, collé, c'était bien et ça a aidé ce dimanche à passer tranquillement.
Et finalement tout s'est bien passé pendant la Vanoise. J'allais voir tous les jours à l'école le compte-rendu que les élèves envoyaient par fax, avec des articles illustrés de dessins. Il faut dire que c'était au siècle dernier, Virginie a 21 ans, on ne communiquait par par téléphone portable et le maître n'avait pas d'ordinateur portable. Pour sa petite sœur, trois ans après, il y avait un blog sur internet où on lisait leur compte-rendu chaque soir.
J'y pense parce que demain, on mange du poulet au fromage. Sans Virginie bien sûr, je ne crois pas qu'elle en ait jamais remangé. Mais on va parler de la Vanoise, c'est sûr.
C'est vrai que souvent les anecdotes familiales sont liées à un plat. Je me souviens d'une indigestion de pâtes de mon fils qui a le même âge que Virginie. Il répétait "ça tient la bide, ça tient le bide" jusqu'à ce qu'il se lève en courant pour vomir lui aussi et qu'il revienne en annonçant tout penaud "euh, le bide a lâché..."
RépondreSupprimerLe poulet au fromage?????
RépondreSupprimerAlors je t'explique Mab : tu fais cuire ton poulet à la cocotte avec oignons, lardons et vin blanc. A la fin, tu sors le poulet pour le découper et tu ajoutes à la sauce un peu de crème fraiche et du fromage râpé. C'est bon mais j'avoue, comme on dit chez PPN, que ça tient le bide !
RépondreSupprimerDis, t'as de la chance avec ton kilo de Beaufort, moi gamine j'avais ramené de classe de neige un très joli couple de montagnards en super plastique qui changeait de couleur pour annoncer la pluie. En plastique, même pas cassable ! Alors que le Beaufort, ça peut même se congeler si y'en a trop !
RépondreSupprimerSinon, je vais t'avouer une truc, pas du tout correct, mais tant pis ... Je les déteste ces supers instits de CM2 adorés par leurs élèves et les parents, en plus ils sont sportifs et écolos bien sûr ! Je sais, c'est du mauvais esprit, voire de la jalousie, mais je me comprends ...
Bon, pour le tag, j'y réfléchis, je manque un peu de temps, et puis techniquement, va falloir que je progresse, genrs insertion de lien vers un blog etc ... Ne te vexe pas, ça prendra du temps, mais promis, je le ferai !
Merci pour la recette, suis pas sûre de la tester!
RépondreSupprimerJe laisse un com le 24 janvier à 6h53 et il apparait comme étant du 24 à 21h52, j'ignorais que nous avions un décalage horaire avec ta région!
RépondreSupprimerQuand je suis partie en colo pour la 1ère fois , j'avais 9 ans , on partait le mois complet , j'ai pleuré chaque matin pendant 3 semaines , la dernière , je me réjouissais du retour . J'ai vomi dans le car , et j'ai fait pipi au lit trés souvent , donc les colos , je n'étais pas chaudes pour y mettre mes enfants , je projetais sur mes gamins mes angoisses de séparation !
RépondreSupprimerCes classes de découvertes sont une grande aventure vers l'autonomie et créent parfois des vocations! J'ai aimé y emmener mes élèves.Puis mon fils est devenu moniteur, directeur de colo et directeur du centre de la ville de Vincennes en haute savoie, et maintenant qu'il a quitté, il continue de vivre en montagne!
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