dimanche 10 janvier 2010

Patience and Fortitude

Parmi les valeurs à transmettre à nos enfants, je me demande si le courage n'est pas l'une des plus importantes. Je ne parle pas du courage avec un grand "C", celui qui fait risquer sa vie pour une juste cause, mais du petit courage quotidien, celui qui nous pousse à nous faire violence pour accomplir des gestes qui nous coûtent.
J'y pense particulièrement à cause d'une de mes collègues dont la fille de 15 ans fait une "phobie scolaire". C'est-à-dire qu'après une classe de troisième dans un collège de taille moyenne, elle est arrivée en seconde dans un grand lycée (qui ressemblerait à une aimable garderie comparé aux établissements des très grandes villes). Elle a décidé que ça ne lui plaisait pas, que ses copines n'étaient plus avec elle, que les profs étaient méchants. Bref, à force d'appels au secours à sa mère, qui est très fusionnelle avec elle, elle a fini par ne plus y aller du tout depuis deux mois. Elle devait reprendre en janvier mais n'a pas tenu.
Je sais que c'est facile de voir les choses de l'extérieur et que tout ne se soigne pas à coup de pied au c.. (ce que professait mon père, qui n'a par ailleurs jamais levé la main sur ses enfants, bien trop gentil pour ça), mais je vois ma collègue, je l'entends répondre au téléphone à sa fille et il me semble qu'elle a oublié de lui apprendre qu'il fallait parfois un peu de courage. Tous les enfants ont eu mal au ventre avant de partir à l'école, tous ont dit qu'ils avaient mal à la tête, envie de vomir, que tel professeur les détestait, que toute la classe étaient contre eux, etc. Il me semble que c'est le rôle des parents de les aider à y aller quand même, de les pousser vers la porte même si leur propre estomac ressemble à une sorte d'énorme nœud. C'est sûr que c'est plus facile de dire que les gens sont méchants, viens mets un DVD pendant que je te prépare une tisane, on va se faire une petite journée rien qu'à nous.
Ben oui bien sûr qu'il y a des sales profs, qu'on a tous eu des copains de classe qui nous brimaient, qu'on avait mal au ventre avant d'aller à la piscine parce qu'on savait que cet abruti de maître-nageur allait nous pousser dans l'eau. Mais je crois que le petit courage quotidien qu'on peut avoir aide à affronter les vrais ennuis qu'on a plus tard et à côté desquels une interro de maths au lycée ressemble à un doux rêve.
Je me demande si je ne suis pas en train de virer réac moi ?

PS : deux heures après ce billet, je viens à l'instant de lire le billet de Coumarine . Je ne parle en ce qui me concerne que des petites misères sans gravité auxquelles un enfant ou un ado peut être confronté. Face aux brimades dont elle parle, je serais la première à monter un créneau et je considère qu'un tel enseignant est indigne d'exercer.

13 commentaires:

  1. Ce n'est pas drôle la phobie scolaire , j'ai connu un gamin qui a eu des angoisses pour aller à l'école dès la 6ième , en fait , il avait peur pour sa mère qui subissait l'ivrognerie de son mari , il la protégeait en restant à la maison . Il faut prospecter pour savoir s'il n'y a pas eu autres choses que le scolaire ( on ne sait jamais ! ) sinon , ça peut être la difficulté de se séparer de ses parents , à mon avis , il vaudrait mieux qu'elle consulte , la mère n'y arrivera pas seule , tu as raison , la surprotection n'arrange rien .

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  2. C'est vrai qu'il me semble que la maman a peur pour sa fille et ne l'aide pas à déployer ses ailes. Mais quand je me relis, je pense que j'ai parlé un peu vite. Il y a sûrement plein de choses que j'ignore dans cette affaire et je parle sans savoir.
    S'il n'y avait pas ton commentaire, je crois que j'effacerais mon billet.

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  3. Non n'efface pas ton billet, la phobie scolaire existe, elle ne dit peut être pas tout, la cruauté des jeunes est parfois terrifiante...

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  4. Cruauté des autres ou non-dit familial, inquiétude diffuse...C'est parfois très-très dur pour un enfant d'aller à l'école et il peut avoir lutté avec courage pendant longtemps avant d'appeler au secours. J'ai ainsi servi de passerelle tous les jours pendant plus d'un an à un enfant sans comprendre ce qu'il avait. Cet enfant souffrait vraiment et sa maman ne voulait pas voir ça, lui demandant d'être grand! Dur dur!!Jusqu'à ce que j'apprenne que son père, 4 ans auparavant avait fait une tentative de suicide dont on ne lui avait rien dit. Je l'ai amené doucement à en parler, j'ai pu lui dire qu'il avait le droit d'avoir peur, que son père l'aimait mais avait eu des soucis qui ne le concernaient pas, etc...

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  5. Pour ma part, je suis tout à fait d'accord avec toi. On a basculé dans une société qui ne considère plus les enfants, voire les individus, comme des êtres capables d'affronter les difficultés mais comme des victimes constantes de maladies, telle que des phobies etc... on enferme tout et n'importe quoi sous des termes qui n'expliquent rien et ne font qu'effacer les vrais problèmes... comme les com de ton billet montrent qu'on ne parle pas ici de phobie scolaire mais d'autres angoisses liées à la relation parentale, ce qui me semble être le cas, vue de loin, avec l'exemple que tu donnes.. notre devoir de parents est de pousser les enfants vers l'exterieur et de leur donner les forces nécessaires pour tenir debout tout seul. evidemment cela passe d'abord par une communication attentive...

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  6. Je sais que cette phobie existe et que certains s'y complaisent mais je suis d'accord avec toi, le courage au quotidien est une arme pour affronter la vie d'adulte.

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  7. Finalement je trouve que ce que je voulais dire est résumé par Jean-Jacques Goldman dans sa chanson "On ira" :

    On prendra les froids, les brûlures en face
    On interdira les tiédeurs
    Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses
    Qui nous ont volé nos douleurs
    La vérité nous fera plus peur

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  8. très vrai aussi, ce que dit Goldman!! mais si les enfants sont élevés dans du coton, c'est qui les responsables, hein? Tout ça est complexe

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  9. Il est très bien ton billet et tu as bien fait de ne pas t'autocensurer. J'aime beaucoup ce proverbe, hébreux je crois) qui dit qu'on ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes. La phobie de la fille de ta collègue cache peut-être quelque chose mais peut-être pas. Et comme toi, je pense qu'aplanir ou éliminer les difficultés pour nos enfants ne les aident pas à grandir.

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  10. j'ai vécu ça avec mon fils aîné...ça acduré une année scolaire et je peux dire qu'il n'a pas rigolé nous non plus...on lui a dit tu ne veux aller au lycée alors ok...mais fais quelque chose, il est parti bosser trois dans ONG au viet Nam quand il est rentré il a repris les études...a chaque individu une solution, la seule chose montrer au jeune, que rester à la mauson sans rien foutre C'EST HORS DE QUESTION....

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  11. oui Hermione... on a tendance à élever les enfants en prenant soin de leur épargner toute difficulté...je suis pleinement d'accord là dessus
    Accéder immédiatement à tous leurs désirs, leur faciliter la tache pour tout, faire même les choses à leur place... oh lala!
    (mais tu as bien lu que dans mon billet je parle d'humiliation, ce qui n'est pas pour moi une façon positive d'éduquer les enfants...

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  12. La solution adoptée par/pour ton fils est superbe. Car rien de plus vrai que ce qu'écrit La petite poule noire, il leur faut des racines et des ailes.

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