Je suis d'une génération intermédiaire. Née fin 1962, toute mon éducation hormis la petite enfance s'est faite après 1968. Mais mes parents avaient 40 ans à ma naissance, nés dans les année 20 donc, et étaient très conservateurs. J'ai perpétuellement essayé de trouver un équilibre entre la société dans laquelle je vivais et les principes de mes parents, pour qui mai 68 avait été un grand traumatisme.
Mes frères, ma sœur et moi avons eu la grande chance de ne pas habiter dans une ville universitaire. Ça nous a permis de partir après le bac et de ne pas avoir à rendre de comptes sur nos sorties ou nos fréquentations. Mes frères ayant 10 et 8 ans de plus que moi, ils avaient contribué à faire évoluer la mentalité de mes parents lorsque ma sœur, qui a 4 ans de plus que moi, a commencé à leur parler de son copain. Elle devait avoir 22 ans et vivait à Paris. Je me souviens que ma mère m'a demandé d'un air un peut timide "tu crois qu'ils vont vivre à la colle" (expression poétique s'il en est) et je suis partie d'un éclat de rire en lui disant qu'à mon avis, ça faisait un moment que c'était le cas. Et lorsqu'elle a amené son chéri à la maison, c'est tout naturellement qu'on leur a préparé une chambre commune. Et tout a été encore plus facile pour moi, naturellement.
La sœur aînée de mon mari a elle aussi contourné la difficulté en allant étudier ailleurs. Mais ma belle-mère a préparé des chambres séparées quand elle leur a amené un fiancé. Et mon autre belle-sœur, née en 1954, s'est fait traiter de fille de rien quand elle s'est installée avec celui qui est toujours son mari aujourd'hui. Je crois que le mot de prostituée a été prononcé et ma belle-mère a refusé de la voir pendant un moment. Le plus absurde est que ma belle-mère s'est mariée enceinte en 1950, mais les apparence étaient sauves puisque cela ne se voyait pas. Et je crois que personne n'a jamais osé lui en parler parmi ses enfants, c'est dire le poids du non-dit.
Toute cette longue entrée en matière pour dire que je pensais à tout ça la semaine dernière, en repassant un grand pull bleu carrément masculin que ma fille avait glissé dans le panier à linge. Puisqu'elle était là avec son chéri (charmant au demeurant, ouf !), elle lui avait tout naturellement suggéré de mettre son pull au lavage. Et je me disais que tout était tellement plus simple de nos jours. Plus besoin de mentir à ses parents, au moins par omission comme je l'ai beaucoup fait, les choses se font naturellement.
Les discussions que j'ai eues avec mes filles sont à la fois franches et pudiques, dénuées de non-dits mais non de délicatesse. Loin des dialogues que je me souviens avoir lus chez Benoîte Groult, où la mère prend un bain avec ses jeunes filles (faut une grande baignoire) en débattant sur le thème "doit-on avaler après une fellation". J'avais trouvé ça choquant et déplacé, je le trouve toujours. En revanche, nous avons parlé de préservatifs, de pilule, de sida, d'amour bien sûr, avec le brin de pudeur qui s'impose entre mère et fille.
Et un sourire me monte toujours aux lèvres quand je pense au moment où ma plus jeune fille, alors âgée de 16 ans environ, m'a dit "t'inquiète pas, tu le sauras quand je LE ferai pour la première fois". Et effectivement, elle me l'a écrit dans une petite lettre que j'ai toujours.
Oui les temps ont changé, et ça fait du bien !
Mes frères, ma sœur et moi avons eu la grande chance de ne pas habiter dans une ville universitaire. Ça nous a permis de partir après le bac et de ne pas avoir à rendre de comptes sur nos sorties ou nos fréquentations. Mes frères ayant 10 et 8 ans de plus que moi, ils avaient contribué à faire évoluer la mentalité de mes parents lorsque ma sœur, qui a 4 ans de plus que moi, a commencé à leur parler de son copain. Elle devait avoir 22 ans et vivait à Paris. Je me souviens que ma mère m'a demandé d'un air un peut timide "tu crois qu'ils vont vivre à la colle" (expression poétique s'il en est) et je suis partie d'un éclat de rire en lui disant qu'à mon avis, ça faisait un moment que c'était le cas. Et lorsqu'elle a amené son chéri à la maison, c'est tout naturellement qu'on leur a préparé une chambre commune. Et tout a été encore plus facile pour moi, naturellement.
La sœur aînée de mon mari a elle aussi contourné la difficulté en allant étudier ailleurs. Mais ma belle-mère a préparé des chambres séparées quand elle leur a amené un fiancé. Et mon autre belle-sœur, née en 1954, s'est fait traiter de fille de rien quand elle s'est installée avec celui qui est toujours son mari aujourd'hui. Je crois que le mot de prostituée a été prononcé et ma belle-mère a refusé de la voir pendant un moment. Le plus absurde est que ma belle-mère s'est mariée enceinte en 1950, mais les apparence étaient sauves puisque cela ne se voyait pas. Et je crois que personne n'a jamais osé lui en parler parmi ses enfants, c'est dire le poids du non-dit.
Toute cette longue entrée en matière pour dire que je pensais à tout ça la semaine dernière, en repassant un grand pull bleu carrément masculin que ma fille avait glissé dans le panier à linge. Puisqu'elle était là avec son chéri (charmant au demeurant, ouf !), elle lui avait tout naturellement suggéré de mettre son pull au lavage. Et je me disais que tout était tellement plus simple de nos jours. Plus besoin de mentir à ses parents, au moins par omission comme je l'ai beaucoup fait, les choses se font naturellement.
Les discussions que j'ai eues avec mes filles sont à la fois franches et pudiques, dénuées de non-dits mais non de délicatesse. Loin des dialogues que je me souviens avoir lus chez Benoîte Groult, où la mère prend un bain avec ses jeunes filles (faut une grande baignoire) en débattant sur le thème "doit-on avaler après une fellation". J'avais trouvé ça choquant et déplacé, je le trouve toujours. En revanche, nous avons parlé de préservatifs, de pilule, de sida, d'amour bien sûr, avec le brin de pudeur qui s'impose entre mère et fille.
Et un sourire me monte toujours aux lèvres quand je pense au moment où ma plus jeune fille, alors âgée de 16 ans environ, m'a dit "t'inquiète pas, tu le sauras quand je LE ferai pour la première fois". Et effectivement, elle me l'a écrit dans une petite lettre que j'ai toujours.
Oui les temps ont changé, et ça fait du bien !
oh comme j'aime ton billet..."à la colle" combien de fois l'ai-je entendu cette expression ? le passage que tu cites de Groult je le trouve incestueux.
RépondreSupprimerJ'adore ton billet, " à la colle" semble bien désuet et comme Bérangère je me souviens avoir été choquée par le passage que tu cites.
RépondreSupprimerAlors si j'ai bien tout décrypté, l'ami est un jeune homme bien, et la question qui tue maintenant, que font ses parents?
Papa juriste (comme chez nous), Maman à la maison (pas comme chez nous). On voit que tu es une belle-maman chevronnée Mab, tu cibles les questions ;)
RépondreSupprimerEn 1950 quand le bébé naissait moins de 9 mois après le mariage c'était parce qu'il était prématuré voyons ;-D
RépondreSupprimerJ'ai reçu la copine de mon fils chez moi, la première pendant plusieurs années, j'ai parlé du sida, du planning familial mais je suis restée en retrait pour le reste...
RépondreSupprimerQuelle évolution!moi aussi j'ai eu la chance de quitter la maison pour mes études et chez nous,les "fiancés" dormaient dans la chambre d'amis jusqu'au mariage. J'avais 29 ans et ma soeur 27 lorsque nous nous sommes mariées. J'étais l'ainée, elle était la 2ème. Ce fut un peu plus facile pour mes frères
RépondreSupprimerMa mère , qui avait fauté puisqu'elle avait eu une relation productive ( ma soeur et moi ) extra conjugale et non avouée avait beaucoup de paradoxes , des expressions un peu crues de l'époque revenaient souvent , " à la colle "une moins que rien " , le non dit s'exerce encore dans la famille , moi je l'ai rompu pour mes enfants mais on en a jamais parlé avec ma mère , je ne sais donc pas qui est mon géniteur .
RépondreSupprimerIl est des sujets qu'on n'aborde pas chez nous malgré la grande complicité qui a toujours existé entre ma mère et moi, et aujourd'hui entre ma fille et moi. Je me suis débrouillée toute seule pour la pilule et j'ignore tout de la vie sexuelle de ma fille ...
RépondreSupprimerPS : Des sœurs Groult, je préférais Flora.
J'ai pensé à ton article en feuilletant des albums photos qui me ramènent au passé!
RépondreSupprimerune bise en passant
RépondreSupprimerEntre les conversations à la Benoite Groult...et les silences gênés d'autrefois, il y a un juste milieu, fait de pudeur, de respect, de discrétion et de franchise...
RépondreSupprimerIl semble que c'est là que tu te tiens...
Et c'est bon de le lire...
Ce n'est pas pareil partout, faut-il le rappeler...
Moi aussi j'ai bénéficié des brèches ouvertes par les aînés de la famille. 68 et la libération des meurses qui a suivi a été difficile à digérer pour mes parents. Mes frères plus âgés se sont mariés tôt, 21 ans, pour être plus vite libres sans doute, et aussi parce qu'à cette époque là être en couple hors mariage était tout à fait inenvisageable pour les parents. C'est incroyable comme les choses ont évolué depuis. Les petits enfants ont toujours reçus dans des chambres de couple alors qu'ils n'étaient pas mariés...
RépondreSupprimerMes enfants sont très pudiques, ils ont horreur des conversations "à thème" qui portent sur la sexualité. J'ai fourni des bouquins, expliqué les notions de respect et de préservation de sa santé, et j'ai toujours dans un tiroir de la salle de bain des préservatifs (non périmés) en libre service. Et ça me fait rigoler quand je vois que les boîtes "se vident"... Faut bien que ça serve!