mardi 31 août 2010

Quand je lis l'enthousiasme que procure la musique à Soumarine (je ne mets pas le lien, je ne sais pas trop si elle souhaite garder un certain anonymat ou non), je me dis que mon éducation musicale a été un vrai gâchis.
Mon père venait d'une famille où on aimait la musique, il avait appris le violoncelle et avait une grande culture musicale. Malheureusement, mon frère aîné chantait faux et après qu'il eut essayé le piano et la clarinette, on décida de ne pas insister. En revanche, mon autre frère avait l'oreille absolue et jouait très bien du violoncelle. Il a même joué sous la direction de Sir Georg Solti quand il faisait ses études à Chicago et il joue du piano d'oreille, ce qui lui permet de massacrer toutes les chansons qu'il aime en chantant très fort et en s'accompagnant au piano, ce qui lui a toujours valu un grand succès auprès de mes filles quand elles étaient petites. Vint ensuite ma soeur, que l'on mit au violon.
Et puis comme d'habitude, qu'est-ce qu'on va faire de la petite dernière ? Pas le piano, il y a trop de pianistes et il n'en faut qu'un par orchestre (moi ça m'aurait plus, m'enfin passons...). Pas de violoncelle ni de violon, on a déjà. Et voilà comment je fus désignée d'office pour jouer de l'alto. Vous savez, l'alto, cet instrument peu connu dont le rôle consiste essentiellement à assurer les basses sans jamais avoir le chant (celui qui fait les mêmes notes pendant tout le canon de Pachelbel pendant que les violons s'amusent à sautiller gaiement...), celui pour lequel presque rien n'a été écrit et pour lequel on transpose des pièces écrites pour le violoncelle, celui qui a l'insigne honneur de jouer en clé d'ut troisième parce que c'est plus chic et qu'on adore apprendre à lire une nouvelle clé en plus de la clé de sol et de la clé de fa.
Malgré tout, je suis une bonne gamine et j'ai donc souffert sur les bancs de l'école de musique pendant onze ans, entre la théorie musicale, la musique d'ensemble, les cours d'alto et même l'orchestre le samedi soir à la fin. Le directeur de l'école de musique nous terrorisait, il avait des sourcils très fournis à la Pompidou, le nez fort et des petits yeux perçants. Mes parents le surnommaient "le bovin", à ne pas confondre avec "le biquet" qui était notre marchand de musique. C'est le directeur qui faisait passer les examens, il fallait l'appeler Monsieur le Directeur et on tremblait à l'approche des examens. J'aimais beaucoup le rythme et ne tombais pas dans le piège des syncopes (là où il faut lire ta ta-a ta parce que la note est à cheval sur deux battements musicaux) mais je détestais les dictées musicales. Par chance, au moins dans les petites classes, le professeur était un très vieux monsieur gentil comme tout et qui ne sentait malheureusement pas très bon. Il cachait soigneusement sa main droite sous une partition pour jouer la mélodie que l'on devait transcrire en notes, afin que personne ne triche. Mais comme il était très myope et que la dictée était écrite en énorme sur une feuille qu'il installait sur le pupitre du piano, nous avions miraculeusement tous d'excellents résultats.
Tout ça pour dire que j'ai gentiment fait de la musique du CE1 à la terminale. A la fin du dernier cours, j'ai rendu mon instrument puisqu'il m'avait été prêté par l'école. Et je n'ai plus jamais touché un alto depuis. J'ai toujours beaucoup de mal à entendre de la musique jouée de façon approximative, ça me rappelle ces années où j'aurais sans doute dû m'opposer plus fermement à mes parents. En revanche, le son du violoncelle m'émeut terriblement, ce qui fait que je ne le supporte guère plus. C'est bête tout ça, non ?

lundi 23 août 2010



Weekend dans la vieille maison de famille avec ma sœur et sa famille. J'en ai profité pour me replonger dans le peu d'archives familiales que nous ayons. J'ai commencé par le gros livre de recettes de la grande-tante Marie, qui était cordon-bleu à Paris chez les nobles. Tout semble si simple dans ce livre. L'art de faire des soufflés, des bombes glacées, des poulardes demi-deuil ou des saumons en croûte sans réfrigérateur, sans robot, sans chaleur tournante et sans le blog de Mercotte. Oh mon Dieu ! Et tout cela bien sûr pour dix personnes au moins, on a un rang à tenir.
Ensuite, j'ai sorti le maigre album photos. On y voit la susdite tante Marie (grande-tante de ma mère en fait), l'air pas très commode. En même temps elle avait eu un enfant naturel quand elle était certainement très jeune et il est mort en 1915 à la guerre, il n'avait pas 20 ans. Je comprends que la tante Marie n'ait pas eu le cœur à sourire. J'ai bien peur d'avoir hérité de son grand nez, il va falloir que je travaille mon sourire pour compenser. On y voit aussi sa sœur, la tante Marguerite. Visage doux et rond, elle était nounou à Paris dans des familles nobles elle aussi. J'ai ensuite relu une lettre que j'adore, qui vient d'une jeune fille dont elle avait été la nounou et qui écrivait pour annoncer ses fiançailles. Cette lettre écrite en 1922 est un bijou, j'aurais dû la recopier. Elle décrit le jeune fiancé en énumérant ses qualités : excessivement brave à la guerre, très religieux, présentant bien, d'autres qualités dont je ne me souviens plus et cette phrase que j'adore "et par dessus tout m'aimant à la folie". J'espère qu'elle a été heureuse, Mademoiselle Germaine D. de S, dans son mariage avec Monsieur Max de C. d'U. Le mariage a bien eu lieu, je viens d'en trouver l'écho dans le Figaro de mai 1922 trouvé sur internet.
J'ai interrogé ma mère pour savoir pourquoi ces jeunes filles partaient travailler à Paris. Il n'y avait pas beaucoup d'emploi dans les Vosges à cette période, pour les filles en particulier bien sûr, j'imagine que Marie et Marguerite étaient nées aux alentours de 1870. Elles travaillaient donc chez les nobles qui avaient une maison de campagne dans les Vosges en été et habitaient Paris le reste du temps. J'ai l'impression d'être dans "Les dames de la côte" quand je pense à tout ça. Il paraît que beaucoup de gens partaient aussi "garder les fous à Charenton".
J'ai aussi vu une lettre venant d'Allemagne en 1943 portant trois timbres à l'effigie du Führer, la carte d'étudiante de ma mère pour la même période, des tickets de rationnement, beaucoup de vieilles cartes postales qui feraient les délices des collectionneurs.
Au fait j'ai honteusement pris la photo sur internet, il faudra un jour que je scanne les vraies photos et que je les mette ici.


mardi 17 août 2010



A défaut d'avoir beaucoup d'inspiration en ce moment, j'ai mis en marge les adresses de blogs que j'aime bien consulter. Si d'aucun (je n'en vois qu'un dans la liste) ou d'aucunes (tout le reste étant féminin) s'y voient et ne souhaitent pas y figurer, qu'ils me le fassent savoir !
Et si quelqu'un sait si le blog d'Incertaine existe encore sous une autre forme, j'aimerais le savoir. Même si c'est un blog à accès réservé et que je n'en fasse pas partie, j'aimerais juste savoir si elle va bien.
A très bientôt, et n'hésitez pas à laisser un petit mot quand j'écrirai quelque chose. C'est cette petite trace qui fait qu'on sait que quelqu'un nous lit. Pas besoin d'une grande tartine (ou alors si, j'aime aussi), mais juste une trace :)

lundi 16 août 2010



J'étais partie pour raconter mes aventures dans les Ardennes, mais qui s'en soucie ? Ça fait environ un an que j'ai ce blog et je me demande si je vais continuer. Ça n'intéresse pas grand-monde, ce qui est normal, mais je me demande si ça m'intéresse moi-même.
Je pourrais parler de la nouvelle femme de notre copain, qui m'a beaucoup plu. Très agréable, un peu cassée par la vie certainement. Mère d'un enfant "Asperger" de 24 ans qui vit dans un institut spécialisé en Belgique, et qui a fondé beaucoup d'espoirs dans les cinq enfants de son compagnon. Erreur fatale bien sûre, elle est la méchante belle-mère et ils lui en veulent tous, ignorant certainement que c'est leur mère qui a tout cassé et qu'elle-même n'est arrivée que bien après. Elle a besoin d'en parler, lui est un taiseux qui préfère ignorer les problèmes, je pense que ça lui a fait du bien de pouvoir en discuter un peu avec nous.
Voilà, finalement c'est beau les Ardennes, il y a une belle architecture et un paysage très vallonné et boisé. Et les jardins donnent de beaux légumes, nous sommes partis avec ce qui est sur la photo.

jeudi 12 août 2010


C'est le mois d'août, il pleut, le ciel est d'un blanc tirant sur le gris, au secouuuuuurs ! Je regarde la petite centrale météo sur laquelle de charmants petits nuages dégoulinent de pluie juste pour le cas où je n'aurais pas remarqué le temps qu'il fait dehors. D'habitude, j'ai les pieds froids à partir du 15 août (oui je sais, je suis assez prévisible mais c'est ainsi) mais cette année, j'ai battu mes records de précocité. 91% d'humidité à l'extérieur, qu'elle me dit la centrale météo. Oui je m'en doute, vu qu'il pleut ! Ça existe juste pour nous saper le moral ce genre d'engins ?
Et pour finir en beauté, nous sommes invités ce weekend dans un bled tout paumé des Ardennes ! J'ai regardé sur internet, il y avait 119 habitants en 1999 ! Je pense que plus personne n'a compté depuis, ou alors il n'en reste plus... Et le copain d'O. qui nous invite a précisé "prenez les k-way si on sort". Et pourquoi pas les bottes en caoutchouc ? Au départ, on devait aller le voir à Reims, mais il a opté pour sa maison de campagne. Fallait pas. On moins on serait allés voir la cathédrale et le sourire de l'ange Gabriel, on aurait vu des gens, des magasins, des voitures, la vie quoi. Mais non, on va dans la campagne ardennaise. Peut-être qu'il reste des tranchées à visiter.
Comment ça je suis de mauvaise foi ? Allez c'est bon, j'arrête, ça va peut-être être bien finalement. Ou pas.

dimanche 8 août 2010

Le cerveau est une machine incroyable. Autant il m'affole un peu quand il dysfonctionne, autant il m'émerveille parfois par ses connexions insoupçonnées.
Tout à l'heure, comme il me voyait d'humeur préoccupée et pour me faire rire, O. me dit "dis-moi un titre de chanson, je te la chante". Je réfléchis deux secondes et je dis "Mon frère" de Le Forestier. Il commence "Toi..." et s'arrête interloqué : "aujourd'hui c'est l'anniversaire de la mort de mon frère. J'y ai pensé tout à l'heure, je n'ai pas envie de la chanter".
L'incroyable là-dedans, c'est que je ne pense jamais à cette chanson et que je n'ai pas dû l'écouter depuis au moins vingt ans. Et que personne n'a évoqué ce frère disparu depuis longtemps. Et que j'aurais été incapable de dire la date de sa mort, qui a eu lieu avant la naissance d'O., vers 1960 je pense.
Mais j'imagine que j'ai un jour su cette date, que j'ai lu quelque part qu'aujourd'hui nous étions le 8 août, et c'est tout naturellement que mon cerveau s'est connecté sur cette chanson qui dit "toi le frère que je n'ai jamais eu, sais-tu si tu avais vécu, ce que nous aurions fait ensemble".
C'est magique, cette belle mécanique ! Elle fonctionne à notre insu, réfléchit quand nous croyons dormir, range dans les bonnes cases ce que nous apprenons pendant la journée pour que tout soit bien ordonné et revienne à la mémoire le lendemain (c'est l'image que j'ai toujours eue des révisions).
Il s'appelait Patrice, il est mort enfant de ce qu'on appelle je crois la maladie bleue, quelque chose qui se soigne aujourd'hui. Il s'est écroulé dans la cour de la maison de l'Aveyron sous les yeux de sa sœur, il paraît que pendant longtemps, elle ne supportait pas de voir quelqu'un fermer les yeux.

jeudi 5 août 2010

Qui suis-je, d'où viens-je, où cours-je...


C'est une drôle de période en ce moment. J'ai l'impression d'être en train de basculer dans une autre tranche de ma vie. En fait, ce sont les autres qui m'y poussent, ces sales jeunes qui me font vieillir en grandissant ! Quand les filles sont à la maison, je trouve ça tout à fait normal. Mais le fait d'avoir eu à faire la "belle-mère" avec François cet été me fait me sentir différente. Dans ma tête, je suis comme avant mais j'ai l'impression d'avoir un autre rôle à jouer.
Et en ce moment, je garde la petite Zoé pour une semaine. Hier, dans la rue, je me demandais si j'avais l'air d'être sa mère ou sa grand-mère. Mais de nos jours, il y a plein de grands-mères de 47 ans qui ont l'air jeunes, alors comment savoir ? Et je me dis que quand ma mère avait mon âge actuel, elle était jeune mère de quatre enfants, la plus jeune (moi) âgée de 7 ans.
D'un côté je suis heureuse d'avoir eu mes enfants jeune, c'est ce que j'ai toujours voulu parce que je trouvais mes parents trop vieux. Mais en même temps, je me dis que si je les avais eues plus tard, je serais jeune parce que j'aurais encore des préoccupations au sujet des ados, des problèmes de collège, des réunions parents-profs...
Mais en même temps, ça fait tellement de bien de savoir que les filles font les études qu'elles aiment, qu'elles sont heureuses, que je n'aurai plus jamais de réunion parents-profs (mon cauchemar, je détestais ces séances tellement mal organisées où les parents essayaient de se griller la priorité au lieu de faire la queue comme des gens civilisés) ! Oui je crois que ce qui l'emporte, c'est la satisfaction de les avoir accompagnées jusque là, de savoir que j'ai fait l'essentiel de mon boulot. Alors OK pour la suite, j'arrête de me regarder le nombril en me demandant dans quelle classe on me range.

mercredi 4 août 2010




C'est beau la Côte d'Amour. Le nom est un peu concon, mais c'est beau. L'océan, le ciel bleu, les rochers, les gros bateaux posés sur l'horizon comme pour une bataille navale, c'est vraiment magnifique. Et Pornichet est une petite ville sans prétention, pleine de grands-parents qui emmènent leurs petits-enfants à la plage, de gens à vélo et de jolies maisons qui portent le prénom démodé de la belle qui les a habitées. J'ai aussi vu une résidence qui ressemble un peu à un hôpital pour jeunes filles poitrinaires, face à la mer, un monument de charme désuet. On s'attend à y voir des religieuses en cornette, mais elle est peuplée de vacanciers.
Pas le même style que sa voisine La Baule, petite ville un peu prétentieuse où les magasins vendent forcément des marques connues et hors de prix à des sexagénaires peroxydées, ultra-bronzées et emperlousées. Beaucoup de très belles maisons, quand même, qui ont malheureusement été doublées par un front de mer assez hideux qui les sépare de la vue sur l'océan.
Nous avions loué une très jolie maison à des gens charmants et nous en avons bien profité quand les filles sont venues. A la fin, elle était un peu grande pour nous deux mais ça ne manquait pas de charme.
Nous avons fait du vélo, des barbecues, de la plage, des restos, des marches, de vraies bonnes vacances. Je confirme à PPN que le marché est fabuleux et donne envie d'aimer les fruits de mer à moi qui ne peux les avaler.
J'ai découvert Guérande et j'ai été surprise par sa beauté. Ma grande avait repéré un bijou en ambre dans un magasin et quand son François a demandé à Marielle d'occuper sa sœur un moment le temps qu'il fasse une course, j'ai pensé qu'il allait l'acheter. Et le soir, il lui a offert un volume d'Apollinaire en Pléiade repéré chez un bouquiniste de Guérande. Visiblement, ça a beaucoup plu à Virginie. Ils sont marrants ces intellos... Moi j'aurais préféré le bijou, mais je manque de poésie.
Et maintenant je n'ai pas le temps de m'ennuyer puisque je garde ma petite-nièce Zoé, 14 mois, pour toute la semaine. Ses parents nous l'ont livrée dimanche et la récupèrent vendredi. C'est un vrai petit cœur, je vous en donnerai des nouvelles bientôt. Mais là, elle a fini sa sieste et le devoir m'appelle !