mercredi 24 novembre 2010

Je sais, vous n'avez rien demandé, mais je vais quand même vous faire admirer deux oeuvres majeures d'art contemporain qui se trouvent chez moi.
D'abord ce dessin affiché dans les toilettes, tiré d'un nième numéro du Nouvel Obs consacré aux grandes écoles.

Je suppose qu'il est de Wiaz, je ne sais plus. Quand j'étais étudiante, on reconnaissait tout de suite ceux d'entre nous qui étaient inscrits au centre d'études politiques en plus de la fac. Les garçons avaient des mocassins, des pulls jacquards et des chemises et avaient l'air de se la péter grave. Quant aux filles, elles avaient déjà le collier de perles comme Maman , parfois le foulard Herpès et des talons plats. Ils appartenaient tous à la bourgeoisie de cette ville très bourgeoise et se fréquentaient entre jeunes gens du même milieu. Autant vous dire que nous n'avions pas les mêmes valeurs et que c'est à cause d'eux que des gens comme Arlette Laguiller ont eu ma voix à certaines élections...
Je n'ai jamais compris comment on pouvait déjà voter à droite à 18 ans. Après, on fait ce qu'on veut, mais avant c'est trop tôt. Bref, j'avoue que je souris à chaque fois que je prends le temps de regarder ce dessin, et le vilain petit diablotin aux oreilles pointues qui sommeille en moi se dit que oui, vraisemblablement, elles ont fait l'ENA et puis Sciences Po, mais que décidément elles ont épousé un con.
Et maintenant changement de décor, passons à la cuisine.

C'est un tableau magnétique que ma soeur m'a offert il y a au moins... longtemps, ça c'est sûr. En principe, il est couvert de papiers divers et variés comme par exemple les références de la ferme auberge où j'achète le foie gras à Noël, le numéro de téléphone du plombier, une photo d'identité de ma plus jeune fille quand elle avait trois ans, le menu du livreur de pizza... Les aimants semblent en bon état vus de loin. En fait, comme le tableau est accroché au-dessus de la gamelle du chat, il est fréquent qu'ils tombent dans l'eau et ils sont tous assez abîmés. Mais j'aime bien ce tableau pour plein de raisons. C'est un cadeau de ma soeur, il est grand et pratique et il représente une cuisinière qui ressemble beaucoup à celle de la maison de campagne familiale.
Voilà, c'était la rubrique "Arielle Dombasle nous fait visiter son riad au Maroc", sauf que c'était Hermione en direct des Vosges.

mercredi 17 novembre 2010

Tout à l'heure, après une contrariété, j'ai ressenti une intense envie de chocolat. Ça faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé, cette espèce de connexion directe entre un problème et sa solution par la bouffe.
J'étais une jolie petite fille blonde souriante et bouclée, potelée comme il faut. Ensuite j'ai été une ado plutôt moche et sans grâce. Pas grosse mais pas fine, nulle en sport parce que j'étais tellement sûre de rater que je faisais en sorte de vraiment bien me louper. Et bien sûr il y avait des filles naturellement élancées que je regardais avec envie. Ma sœur m'avait un jour appelée "Gonflette", ce n'était pas sympa et je m'en souviens. En même temps c'était un âge où on était comme chien et chat, je ne lui en ai pas vraiment voulu.
J'ai fait une seconde scientifique  un peu contre mon gré et j'ai passé une année de véritable souffrance où j'avais peur en me levant le matin. Je me souviens avoir trouvé un réconfort dans de grands bols de chocolat au lait avec des tartines quelle que soit l'heure. Je suis sortie de l'âge très ingrat mais je ne me suis pas sentie plus à l'aise avec mon corps. En plus ma mère n'était pas psychologue pour deux sous et nous habillait de façon utilitaire mais on n'avait pas droit à la coquetterie. Pas facile quand des filles avaient des tas de fringues, moi j'avais des vêtements, c'est tout.
C'est lorsque je suis partie faire mes études que j'ai un peu mangé n'importe comment. En gros je ne mangeais rien de la semaine, puis je mangeais beaucoup pendant le weekend, sachant que j'expierais ce péché dès le lundi. Je mangeais une soupe claire le soir, puis je coupais les quartiers d'une pomme en tranches très minces et je lisais en mangeant très lentement ces lamelles. Puis j'allais me coucher, je dormais beaucoup à l'époque.
J'ai été aux anges quand on m'a dit que j'avais beaucoup maigri. Je me souviens que pendant que je travaillais à la bibliothèque universitaire, je tâtais l'os de ma tempe pour être sûre qu'on le sentait vraiment bien. En même temps j'ai l'impression qu'on le sent chez tout le monde, mais ça me faisait plaisir. J'aimais bien aussi m'allonger et voir mon ventre devenir creux avec les os du bassin bien visibles. 
Mais finalement je suis une fille sans excès, juste un peu limite parfois mais sans plus. Et quand j'ai rencontré ce bel étudiant qui a mis du soleil dans ma vie, mes règles qui avaient disparu depuis longtemps sont revenues comme par miracle. Et j'ai fait comme dit le bon professeur Rufo en parlant des anorexiques, ce que je n'étais pas, "un jour elles tombent amoureuses, elles font un bébé et elles sont guéries".



mardi 9 novembre 2010

J'adore mes filles. Oui je sais c'est très bête de dire ça, mais c'est vrai. Je les trouve belles, intelligentes, drôles, fines, matures, etc... Et le pire est que je suis habituellement la reine du scepticisme et du second degré, mais là je sens bien que toute distance m'abandonne.
Pourquoi la maternité prend-elle une telle place dans ma vie ? Je suis une fille intelligente (normalement), cultivée (raisonnablement) mais il y a des moments où je ne suis qu'une louve prête à tout pour défendre ses petits. Qui ont respectivement 19 et 22 ans, d'où le ridicule de la chose je vous l'accorde.
En plus je suis féministe, j'admire Elisabeth Badinter, je suis en train de relire Médée (qui tue ses enfants pour se venger de leur père, ce que je déconseille quand même), mais j'ai été submergée d'instinct maternel à la seconde où j'ai su qu'une petite cellule s'était divisée en moi pour devenir un enfant. J'ai allaité comme une bonne petite vache laitière alors que je pesais 50 kilos toute mouillée et j'ai rosi d'orgueil quand la sage-femme m'a dit que je pourrais allaiter tout l'étage de la maternité. J'ai été incapable de travailler quand mes filles étaient petites. J'ai su exactement à quel moment chacune avait découvert telle ou telle chose, puisque j'étais là pour le voir.
Quelquefois, ça m'étonne moi-même d'être mère à ce point là. Mais en même temps ça me remplit d'une plénitude à nulle autre pareille. Quand même, je sens bien que j'ai l'air un peu bête, là, avec mon sourire béat.



mercredi 3 novembre 2010


Quand nous étions enfants, mes frères, ma soeur et moi faisions nos devoirs tous ensemble sur la grande table de la salle à manger. Il arrivait même que mes parents fassent les leurs en même temps, surtout mon père. Ma mère s'isolait plutôt dans ce qu'on nommait le salon et qui était en fait une bibliothèque avec deux gros fauteuils en cuir et deux chaises elles aussi en cuir. Nous les enfants n'avions pas le droit de nous avachir perpendiculairement sur les gros fauteuils, le dos contre un accoudoir et les jambes sur l'autre parce que ça les abimait. En hiver, quand ma mère mettait son lourd manteau de fourrure qui sentait un peu la naphtaline, elle le posait sur un de ces fauteuils en rentrant. Bref, ma mère travaillait plutôt sur le "casier-secrétaire", une sorte de petit bureau caché dans un casier de la bibliothèque qui s'ouvrait. Mon père lui corrigeait ses copies assis sur une chaise le long du radiateur de la salle à manger. Il posait ses affaires sur la planche du radiateur et passait parfois un moment à rêvasser en regardant par la fenêtre avant de reprendre son stylo rouge.
Nous passions donc beaucoup de temps ensemble et étant la plus petite, j'écoutais tout et j'observais les grands qui faisaient leurs devoirs. J'étais une vraie éponge. Mes parents avaient d'ailleurs beaucoup ri une nuit de vacances où je dormais dans leur chambre et où j'avais récité dans mon sommeil quelques lignes du monologue de L'avare de Molière entendues réciter par mes aînés. Les grands me mettaient parfois à contribution et je me souviens d'un jour où l'un d'eux devait travailler sur Andromaque de Racine. Je revois parfaitement le gros poupon posé sur la commode qui figurait Pyrrhus. J'avais été désignée pour interpréter le rôle d'Hermione et donner la réplique à celui ou celle qui devait apprendre par coeur un autre rôle, je ne sais plus lequel. Le surnom d'Hermione m'est resté quelques temps, le temps que mon frère ou ma soeur ait fini de travailler sur cette pièce.
Voilà pourquoi je m'appelle ici Hermione. Ce joli nom est lié à un souvenir d'enfance. Je me rappelle une carte postale envoyée par ma soeur alors que ma mère l'avait emmenée consulter un spécialiste à Avignon et qui commençait par "ma chère petite Hermione". Elles m'avaient aussi rapporté une poupée de collection habillée en Niçoise, avec un panier orné de mimosa. Une complication des oreillons avait rendu ma soeur sourde d'une oreille, c'est pourquoi elles étaient allées consulter aussi loin de chez nous.

Tout ce préambule un peu long pour en arriver finalement à cette question : pourquoi avez-vous choisi ce prénom dans votre blog ? A part celles qui ont choisi de garder leur vrai prénom, quelle raison a poussé les autres à choisir telle ou telle dénomination ? Je me suis souvent posé la question en navigant d'un blog à l'autre, je serais heureuse que vous me répondiez même si vous n'êtes que de passage et ne laissez habituellement aucune trace.