Pour moi, passer une journée à Paris, c'est comme passer une journée à la campagne pour un Parisien, ça me requinque. Donc jeudi matin, après un sprint pour arriver à choper mon train (6h24, c'est inhumain), me voici dans le TGV. Arrivée à Paris, je ne peux même pas accéder au quai du métro tellement il y a de monde. Normal, il y a des pannes sur la ligne et le trafic est ralenti. Je laisse passer un métro puis applique le principe que ma plus jeune fille nous a enseigné dans le métro de Londres, "on bourrinne". Donc je fais comme les autochtones, je tasse jusqu'à entrer dans la rame et je tiens debout grâce à tous ceux qui m'entourent et m'empêchent de bouger d'un millimètre. La fille devant moi a mangé de l'ail. Quelques stations plus loin, ça se vide très légèrement, juste assez pour qu'un coup de frein brutal entre deux stations me fasse atterrir sur les genoux d'une dame qui semble être Éthiopienne et me sourit lorsque je m'excuse.
Finalement je sors du métro et m'engage dans la rue de mon ministère préféré, où une réunion m'attend. Il fait un temps magnifique, j'aperçois le haut du Panthéon qui se détache sur le ciel bleu. En passant devant le commissariat du 5ème (celui d'Adamsberg dans les Fred Vargas), je vois une fille de la police scientifique en train de chercher des empreintes sur une voiture. Elle a la petite houppette comme dans les polars et applique le même geste circulaire du poignet que dans "Les experts".
Au ministère, le cadre est magnifique mais les toilettes n'ont pas été rénovées depuis les années Giscard au moins. Le ministre ne doit pas utiliser les mêmes que moi. Nous avons droit à un speech du Directeur de je ne sais plus quoi qui nous remercie de notre travail et nous rappelle à quel point les journalistes sont parfois malveillants. Au cas où j'aurais oublié que ces hauts fonctionnaires sont nommés par le gouvernement, ça me revient à la mémoire. Puis la réunion plus technique commence.
Pause de 12h30 à 14h, je déjeune avec ma fille qui habite le quartier. Nous allons dans son QG près du panthéon, une brasserie pleine d'étudiants. Pas loin de nous sont assises deux filles qui semblent sorties de "Gossip girl". La plus frappante est très grande, très mince, très blonde, vêtue d'une mini robe de velours noir à manches courtes. On voit que le lycée Henry IV n'est pas loin, chez moi les lycéennes ou les étudiantes n'ont pas cet air de bourgeoisie assumée. En temps normal ça me hérisse, là je trouve ça exotique.
Retour en réunion l'après-midi, puis ma fille revient m'attendre à 16h et nous nous promenons en papotant. Elle me prend le bras tandis que nous marchons, j'adore ces moments partagés avec elle. En arrivant vers le Châtelet, nous nous arrêtons dans un café pour prendre un verre. Il y a beaucoup de circulation, nous voyons passer une Rolls avec chauffeur, des policiers font la circulation. Mais comme les baies vitrées de notre café nous isolent du bruit, nous regardons ce spectacle dans une tranquillité ouatée.
Finalement ma fille me met dans le bus, j'arrive en avance à la gare de l'Est où je regarde les quelques boutiques en attendant mon train. Puis nous partons, je m'isole du reste du monde en relisant "Enfance" de Nathalie Sarraute pour la énième fois.